Coûts salariaux : un dérapage incontrôlé

L’évolution de nos salaires, comparée à celles de nos principaux concurrents, est effrayante. Les raisons sont connues. Les remèdes sont insuffisants. UCM a des propositions.

+5,7%

Tous les deux ans, le Conseil Central de l’Économie remet un rapport sur l’évolution des coûts salariaux entre la Belgique, la France, l’Allemagne et les Pays-Bas. Le dernier rapport est alarmiste. Il fait état d’un « dérapage » d’environ 6% de nos coûts salariaux par rapport à nos voisins, entre 2022 et 2024.

Par ailleurs, les organisations patronales ne cessent de soulever, depuis plusieurs années, qu’un différentiel « historique » d’environ 10% en notre défaveur existe par rapport à la moyenne des trois pays de référence. C’est donc bien d’un « handicap de coûts salariaux » de 16% à l’horizon 2024 que nous sommes en train de parler.

Et quand les coûts salariaux augmentent, ce sont des milliers d’emplois qui ne se créent pas, voire des contrats de travail qu’il faudra rompre. Simplement pour que l’employeur puisse se maintenir à flot !

0%

Si l’on voulait contrer complètement cette dynamique, il faudrait diminuer les salaires de 6%. Mais, à supposer même qu’UCM le demande (ce n’est pas le cas), ceci ne pourrait se faire. La norme salariale sera fixée à 0%. Il ne pourra y avoir ni augmentation, ni diminution des salaires. C’est dans la loi.

La fameuse « loi de 1996 », tant décriée par les syndicats, leur offre ici un solide soutien ! Cette loi impose que les évolutions négatives soient neutralisées … mais que l’on tienne toujours compte de l’indexation des salaires.

« Indexation », le mot est lâché

La cause principale de l’accélération de notre handicap salarial est l’affolement de notre système d’indexation des salaires. Avec neuf indexations sur les deux dernières années dans certains secteurs, et une indexation de plus de 11% attendue en janvier dans d’autres, le stabilisateur du pouvoir d’achat de départ est devenu un monstre destructeur d’emplois.

Pour le calmer, il aurait fallu un remède « de cheval ». UCM a émis des propositions : indexer en net, plafonner l’indexation, ne pas appliquer toutes les indexations, etc.

Le Gouvernement a négocié en octobre. Il a convenu d’octroyer une réduction du montant (pas du taux) de certaines (pas toutes) cotisations patronales (quid des autres coûts ?) de 7.07%, durant les 6 premiers mois de 2023.

Un peu, mais guère assez

Le coût de la mesure est évalué à près d’un milliard d’€ quand l’indexation (totale) va en coûter 20 aux employeurs (tous secteurs confondus). Le geste est évidemment appréciable et apprécié.

Mais ceci est malheureusement très insuffisant au regard du bond de géant que vont faire nos coûts salariaux dans les prochains mois. UCM a fait le calcul. Ceci tempère (temporairement) l’augmentation de 30% en moyenne. Le gros de l’augmentation frappera donc directement les employeurs.

Nous restons constructifs et nous apportons des propositions.

  • Il faut d’abord rendre cette réduction pérenne, ne pas la limiter à six mois ;
  • Ensuite, il faudra rediscuter du taux. Il faudrait l’augmenter. Peut-être uniquement dans les PME qui sont les plus gros pourvoyeurs d’emplois ;
  • Enfin, d’autres compensations devront être discutées pour sauver les PME et pour sauver l’emploi.
Matthieu DEWEVRE

Matthieu DEWEVRE

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