Les PME naviguent en eaux troubles

 

Chaque trimestre UCM sonde les indépendants et patrons de PME wallons et bruxellois afin de recueillir leur perception de l’évolution de l’activité économique. Chaque question donne un sous-indice. L’ensemble permet d’établir un indicateur général de l’état de l’activité des PME dans la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une valeur de l’indice supérieure à 100 est le signe d’une évolution positive de la conjoncture, alors qu’une valeur de l’indice en dessous de 100, montre une évolution négative de la conjoncture. Les questions ont été posées entre le 15 et le 23 janvier 2023. Au total, plus de 660 indépendants et chefs d’entreprises ont répondu à l’enquête.

L’économie mondiale, donc européenne et par ricochet belge, reste marqué par la guerre en Ukraine déclenchée en février 2022. Bien que l’on observe une détente sur les prix de l’énergie, ils restent très élevés par rapport à la période pré-guerre russo-ukrainienne. Les difficultés d’approvisionnement sont moins prégnantes depuis l’abandon de la politique zéro-covid en Chine. Dans ce contexte, la confiance des chefs de PME repart à la hausse, mais reste à un niveau anormalement faible. De 91,4 à 93,7 (+2,4) il se situe très loin de son niveau de de stabilité (100). Ce niveau de confiance est légèrement en-dessous de celui qu’on observait au 4T2021, en plein rebond des contaminations au coronavirus. La moyenne des 4 derniers trimestres s’établit à 93,9 en dessous (-0,3 point) du niveau d’il y a trois mois (94,2). On reste sur une tendance à la baisse depuis le 3T2021.

Insérer le graphique (Evolution du Baromètre PME et sa tendance (moy. mob. T;T-4)

Quand on se penche sur les différentes composantes de notre indice, on constate que :

 

    • La composante relative au volume de l’activité est en hausse. Elle passe de 92,5 à 94,0. C’est un niveau légèrement supérieur à celui d’il y a un an (92,2). Les chefs d’entreprise estiment que la contraction de l’activité va se poursuivre au début de l’année 2023, bien qu’ils soient plus optimistes qu’il y a trois mois. La composante relative à leurs anticipations s’établit à 97,6 et se situe toujours en dessous du point de stabilité (100).

    • Le sous-indice relatif aux bénéfices et à la rentabilité se reprend légèrement (+1,9), mais part de trop loin. Il s’établit à un niveau anormalement faible (88,3). Les chefs de PME anticipent que cette tendance va se poursuivre, voire s’accélérer. On est loin des niveaux enregistrés en 2019 (100,1 en moyenne).

    • La composante liée à l’emploi reste stable, et affiche 96,5 (+0,4). Ce qui indique que l’emploi diminue dans les PME, et reste en dessous de son niveau de stabilité (100). Les perspectives de l’emploi pour les 3 prochains mois progressent de près de 2 points, mais s’établit à 96,5 soit 3 points en-dessous de son point de neutralité (100). Compte tenu de l’inflation et de l’indexation record des coûts salariaux, les chefs de PME envisagent de réduire l’emploi.

    • L’appréciation des responsables de PME sur le fonctionnement de l’économie dans son ensemble obtient (comme d’habitude) le plus faible score (83,3). Bien qu’elle soit en hausse (+3,5) en comparaison avec son niveau d’il y a 3 mois (79,9), les chefs de PME déclarent que la situation économique globale continue de se dégrader.

    • La dégradation de la situation des entreprises se poursuit. L’indicateur lié à cette perception affiche 95,8 (+1,0), un léger accroissement, mais reste loin sa valeur de neutralité (100) et très loin des valeurs qu’il affichait avant le déclenchement de la crise du coronavirus au 4T2019 (104,4).

Lorsqu’ils sont questionnés sur les principales entraves au développement de leur entreprise, l’incertitude de l’environnement économique, le coût de l’énergie et des matières premières, le coût du travail, la pression fiscale et l’excès de normes et législations constituent le top 5 des entraves à la bonne marche des affaires. Bien que ne figurant pas en tête de liste, l’insuffisance de la demande est désormais relayées par 30% des sondés. De même, les problèmes de trésorerie mis en avant par 29,0% des répondants commencent à se démarquer. En effet, un chef d’entreprise sur 3 estime avoir des problèmes de trésorerie et/ou recevoir moins de demande de la part de leurs clients habituels.

Graphique – Facteurs qui entravent l’activité des PME

 

 

Pour UCM, la situation des entrepreneurs et chefs de PME reste donc préoccupante et devrait continuer continuer de focaliser l’attention de tous, notamment des politiques. Les coûts des matières premières et salariaux sont les entraves les plus importantes au développement de l’activité. La sauvegarde de la compétitivité doit plus que jamais être l’objectif prioritaire des mesures de politique économique en Belgique, et par ricochet en Wallonie et à Bruxelles. Dans cette logique, UCM suggère :

 

    • La révision et l’adaptation du mécanisme d’indexation automatique des salaires;

    • L’extension de la réduction des cotisations sociales de 7,07% sur toute l’année 2023;

    • La mise à disposition rapide avec souplesse des aides directes annoncées, notamment en Wallonie pour soulager la trésorerie exsangue des PME;

    • Augmenter à minimum 45,5% la déduction pour investissement économiseur d’énergie pour toutes les entreprises, avec un renforcement à 55,5% pour les indépendants et les PME;

Les derniers chiffres relatifs aux finances publiques belges sont aussi alarmants. En 2023, la dette publique tournerait autour de 105% du PIB et le déficit budgétaire serait aux alentours de 5% selon le Bureau Fédéral du Plan. Le réflexe d’augmenter les prélèvements sur les PME doit être évité. D’ailleurs, plus de la moitié de ceux qui ont répondu à notre enquête (53,5%) estiment que la pression fiscale est un obstacle à la croissance de leu entreprise. De plus, il faut trouver un équilibre qui permette de poursuivre les investissement, notamment pour les économies d’énergie et la durabilité. Pour UCM, il est important d’optimiser la gestion des ressources publiques en investissant dans la digitalisation des services partout où c’est possible.

Charlie TCHINDA

Charlie TCHINDA

Charlie Wesley TCHINDA TAMETSA Statisticien – Coordinateur des Etudes UCM National - Service d'Etudes

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