Le nouveau gouvernement wallon a présenté le programme, avec quelques avancées globales conformes aux attentes. Réseau électrique contrôlé et renforcé. Mais UCM regrette l’absence de leviers forts pour la sobriété et l’efficacité énergétique dans les PME. Donc pas de quoi résister à une nouvelle crise. Réaction.
La Déclaration de Politique Régionale (DPR) wallonne, dans sa section sur la politique énergétique, dressent un catalogue de mesures. Certaines mesures générales répondent aussi aux attentes des indépendants et des PME. Nous pointons notamment celles en matière de maîtrise des coûts pour les entreprises. Toutefois, cette vision laisse en suspens des questions essentielles pour une transition énergétique pleinement réussie.
Nous passons ici en revue les projets positifs mais les manques, et comment ils impactent et impacteront encore directement la compétitivité des PME wallonnes.
Renforcement du réseau et simplification sont au rendez-vous
Parmi les éléments positifs, la DPR intègre plusieurs points clés issus des recommandations du mémorandum d’UCM.
Tout d’abord, la stabilité et la prévisibilité de la politique énergétique sont essentielles pour les entrepreneurs, qui doivent planifier sur le long terme.
La simplification des procédures administratives est un signal encourageant. En effet, les lourdeurs administratives freinent régulièrement l’initiative et l’innovation au sein des entreprises.
L’adaptation des réseaux de distribution représente une avancée notable, avec la définition d’une stratégie de gestion des réseaux et filières énergétiques. Le développement d’outils tels que les « jumeaux digitaux » pour cartographier les infrastructures énergétiques permettra d’éclairer les prises de décision et d’améliorer la modernisation du réseau.
Autre mesure attendue : le contrôle des factures énergétiques. Le gouvernement wallon s’engage à maintenir des prix d’énergie abordables, un point crucial pour garantir la compétitivité des entreprises wallonnes par rapport à leurs voisins européens. Cette volonté de modérer les coûts est saluée par UCM, qui rappelle que l’augmentation des prix de l’énergie représente un frein pour de nombreuses PME.
Sobriété et développement du renouvelable manquent à l’appel
Cependant, UCM souligne des manques inquiétants dans la DPR. Si la transition énergétique repose sur trois piliers – l’efficacité énergétique, la sobriété et les renouvelables – deux d’entre eux sont absents ou très peu développés. Il n’y a aucune mesure concrète pour réduire la demande énergétique globale, un point pourtant crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cette question pourrait être abordée via des politiques favorisant l’utilisation durable de l’énergie et l’efficience énergétique, des thématiques largement absentes du texte.
En outre, si la DPR mise sur le développement des filières renouvelables, aucune mention n’est faite pour lever les obstacles réglementaires et administratifs qui freinent ces projets.
Les entrepreneurs sont souvent confrontés à des procédures complexes et coûteuses pour implanter des infrastructures d’énergies renouvelables. C’est notamment le cas dans le domaine de l’éolien ou du photovoltaïque. L’absence de mesures pour faciliter ces démarches reste un point noir.
L’hydrogène, c’est sans effet immédiat
Un autre aspect qui suscite l’interrogation est l’accent mis sur des technologies encore peu éprouvées, notamment l’hydrogène bas carbone. Si cette technologie présente un potentiel intéressant pour l’avenir, elle reste aujourd’hui très coûteuse et sa viabilité à grande échelle n’est pas encore démontrée. UCM aurait préféré voir des investissements dans des solutions énergétiques immédiatement opérationnelles et rentables pour les PME.
Par ailleurs, la DPR ne mentionne à aucun moment la Boucle du Hainaut, un projet d’infrastructure crucial pour connecter la Wallonie à l’éolien offshore. Cette omission est surprenante, car elle permettrait de renforcer l’indépendance énergétique de la région.
Des PME seront en difficultés à moyen et long terme
Ces lacunes ont des répercussions directes sur les entrepreneurs wallons.
Sans mesures incitant à une meilleure efficacité énergétique et facilitant le développement des énergies renouvelables, les entreprises risquent de voir leurs coûts énergétiques augmenter sur le long terme, alors même que le prix de l’énergie est un facteur clé de compétitivité.
UCM continuera de plaider pour une politique énergétique plus ambitieuse, qui prenne en compte les besoins immédiats des entreprises tout en favorisant une vision durable à long terme.
L'auteur.e de cet article
- Conseillère Service d’Etudes et Plaidoyer, je me passionne pour la transition durable des entreprises. Mon objectif est de promouvoir des pratiques durables, remonter les besoins des entreprises au politique et défendre les intérêts des entrepreneurs. La responsabilité sociale des entreprises (RSE) et les critères ESG sont au cœur de mon engagement.
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