Le parlement UCM, témoin des difficultés sur le terrain

Le Parlement UCM est l"un des moments de rencontre entre UCM et ses fédérations affiliées

Le Parlement UCM est le rendez-vous trimestriel des fédérations affiliées chez UCM. Cette édition visait à faire le point sur les aides régionales « énergie ». L’occasion de partager les expériences diverses et mitigées.

Cela fait maintenant un an et quelques jours que la guerre a éclaté en Ukraine. Et le 13 mars marquera les trois ans du début de la crise sanitaire.

Les contours de notre économie se sont redessinés pour un nombre considérable de chefs d’entreprise. Pour certains, l’une des crises fut une opportunité, pour d’autres un arrêt de mort. Tous ou quasi ont courbé le dos.

Le parlement UCM est l’un des moments charnière de l’année où toutes les fédérations affiliées chez UCM, soit près d’une cinquantaine, sont invitées à nous rejoindre pour débattre d’un thème. Pour cette édition, il s’agissait des aides énergies en région bruxelloise et wallonne. L’occasion de prendre le pouls de quelques-unes d’entre elles.

Que le Ministre descende de sa tour d’ivoire !

Xavier Deville n’a pas réputation d’avoir sa langue dans sa poche, surtout lorsqu’il évoque le sort de ses membres, les libraires indépendants affiliés à Prodipresse, soit un tiers de l’ensemble des professionnels.

Des hommes et des femmes qui se lèvent souvent avant l’aube et animent un quartier, une ville. En moyenne, chaque librairie génère de l’emploi pour deux ETP.

« Cette année, nous allons perdre 30 % de notre réseau lié à l’arrêt du point de vente, par faillite ou rentabilité nulle. Une librairie n’est pas un commerce hyper rentable, nous générons beaucoup de chiffre d’affaire mais notre marge brute est nettement inférieure et diminue sans cesse dans certains secteurs, comme le tabac. Les banques hésitent à prêter des fonds pour la reprise d’une librairie, nous n’avons pas « bonne réputation ». Certains affiliés ne se versent plus de salaire, ça n’est pas vivable à long terme » selon Xavier Deville.

Et d’ajouter : « La crise sanitaire avait été positive pour nous car les clients avaient adopté un autre rythme de vie et prenaient le temps de fréquenter leurs commerces locaux. Nous étions reconnus « commerces essentiels » ce qui avait permis de replacer le rôle du libraire dans la vie des consommateurs. Mais la crise énergétique en a fait plonger plus d’un. Les factures énergétiques ont bondi, sans que le libraire ne puisse répercuter cette hausse en augmentant sa marge sur des produits à prix imposés comme la loterie ou le tabac. Les clients sont également touchés par cette crise donc ils achètent moins de revues ou jouent de plus petites sommes à la loterie. C’est un jeu de vases communicants mais dans le mauvais sens ». Et les aides régionales là-dedans ? L’homme lève les yeux au ciel. « Les critères ne sont pas adaptés à notre quotidien. Fort heureusement, un libraire n’a pas 7500 euros de facture énergétique par mois, d’autant si comme moi, il a placé des led dans sa libraire. Le bon élève que je suis est doublement puni !  Et si, en plus, le dossier doit être introduit par un comptable, cette prime ne représente quasi plus rien. Je suggère au ministre de descendre sur le terrain, de venir passer une journée à mes côtés pour mesurer ce qu’une libraire représente en charge de travail. Un « vis ma vie » n’est pas inutile ».

Laurent Lognay, de WE (Wallonie Entreprendre) a détaillé les aides en région wallonne.

Le bois, un marché international

François De Meersman est le secrétaire général de la confédération du bois, les 220 entreprises affiliées représentent près de 8.000 emplois répartis sur tout le territoire belge. Elles sont actives dans les travaux forestiers, l’exploitation forestière, les scieries et le négoce du bois. « Nos affiliés ont vécu la crise en deux temps.  La crise sanitaire a ouvert le marché car les citoyens ont investi dans leur maison et jardin. La demande en bois a augmenté pour des meubles, mais aussi des palissades ou des terrasses.  L’activité du secteur a augmenté en 2020 et 2021 puis il y a eu le choc énergétique. La fracture s’est marquée entre les grosses structures qui s’étaient modernisées pour réduire leur consommation d’énergie et les plus petites où tout reste à faire. Nous produisons un matériau durable sans déchets mais avec des sous-produits, que l’on peut utiliser pour nourrir des chaudières qui chauffent les séchoirs et les ateliers/bureaux. En faisant de la cogénération, nos entreprises sont auto suffisantes mais certaines, liés aux contrats énergétiques variables, n’ont pas eu le choix d’arrêter ».

Et puis, il y a les entrepreneurs qui disposent de panneaux photovoltaïques et avaient pris l’option de scier uniquement les jours de rendement de l’installation et de mettre les collaborateurs au chômage les jours moins lumineux.

«Si, en octobre, on avait dit aux entrepreneurs que la plateforme serait disponible en février, ils auraient pu prendre d’autres dispositions et ne stoppaient pas leur production. C’est un grand gâchis. Beaucoup d’entreprises de notre secteur sont au-delà des conditions d’octroi mais les délais pour mettre la plateforme en place sont beaucoup trop longs. Il est vrai que la région flamande a été beaucoup plus réactive mais les conditions sont très contraignantes. En Wallonie, nous pourrions y faire appel si la procédure d’accès aux aides est simplifiée et allégée des démarches contraignantes ».

Pour l’Horeca, c’est peanuts !

L’un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire fut sans conteste l’Horeca. Il se remettait doucement de ses émotions quand les inondations ont de nouveau ravagé le secteur en terres liégeoise et verviétoise, aujourd’hui touché par la crise énergétique.

« Pour nous, les aides ne suffisent pas » entame Pierre Poriau, secrétaire général Horeca Wallonie.

« Nos affiliés font preuve d’agilité dans l’exercice de leur profession, ils ont modifié leurs heures d’ouverture, ralenti la productivité… toutes ces procédures ont un impact sur l’organisation de l’entreprise. Nous avons instauré de nouvelles pratiques, qui sont payantes puisque certaines vont rester mais un temps d’adaptation est nécessaire. Il va donc falloir faire le gros dos encore un certain temps ».

A ce climat de presqu’ auto austérité, s’ajoutent de nouvelles habitudes dans le chef des clients. Moins d’alcool à table, un 3 services plutôt qu’un 4, le pichet du patron plutôt qu’une bouteille de vin, le client se serre la ceinture.

Raison pour laquelle Horeca Wallonie va profiter du salon Horecatel pour demander la diminution de la TVA sur les softs, pour descendre de 21 à 6 %.

Dernière minute : la plateforme d’aide à l’énergie en région wallonne a été prolongée jusqu’au 20 mars. Toutes les infos sont sur ce site.

Emilie Henry

Emilie Henry

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