Réforme des pensions : de la clarté plutôt qu’un « malus de 5% »

Réforme des pensions : un indépendant s’informe sur sa carrière via MyPension

Le gouvernement fédéral vient de s’accorder sur les réformes de pensions. Elles auront des effets sur vos droits de pension en tant qu’indépendant, mais aussi sur le marché du travail qui concerne votre entreprise. Ces réformes, ce sont notamment les « corrections actuarielles » très mal nommées « malus ». Celles-ci sont cruciales tant en terme de soutenabilité que de dynamisation du marché du travail. Pour UCM, il y a lieu d’avancer avec ces réformes. Mais, soyons clair, les bénéfices attendus dépendent davantage de la clarté du système réformé que d’un taux à 5%. Explications.

Cette semaine du 14 juillet 2025 sera à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de nos régimes de pensions en Belgique. Le gouvernement Arizona s’est accordé sur une série de réformes. Parmi celles-ci, les projets de loi qui mettent en œuvre des réformes inédites et cruciales pour la durabilité des pensions et de la sécurité sociale.

Réforme des pensions : des mesures acceptables et équilibrées

Sachez qu’UCM et les autres principales organisations qui vous représentent (Unizo, Boerebond…) considèrent ces réformes comme acceptables et même nécessaires.

« Le Comité n’est pas opposé aux mesures qui offrent une certaine flexibilité en fin de carrière, mais estime qu’un certain degré de responsabilisation est nécessaire en ce qui concerne les choix des individus dans ce cadre. Là encore, le Comité voit un rôle important pour les corrections actuarielles. C’est un moyen de permettre une plus grande flexibilité sans qu’augmente le coût global des pensions pour les pouvoirs publics ou sans en faire peser la charge financière sur la sécurité sociale ou l’Etat » – Comité général de gestion pour le statut social des indépendants, avis 2022/11 sur les réformes des pensions.

Pour les PME, il s’agit non seulement de renforcer l’équité entre travailleurs, mais aussi de mieux soutenir le marché du travail. Le message est clair :

  • Travailler sera désormais mieux valorisé que se trouver en inactivité de longue durée,
  • Travailler plus longtemps (jusque 67 ans, voire au-delà) sera là aussi plus attractif,
  • Pour ceux dont les droits de pension s’en retrouveraient fortement réduits, il y aura lieu de se tourner vers l’aide sociale (la fameuse Grapa). Cette garantie de revenus n’est, elle, pas financée par des cotisations patronales mais bien directement par l’Etat.

Corrections actuarielles : pas de sanctions « malus », ni de cadeau « bonus »

UCM soutient bien entendu la mise en place de corrections actuarielles.

➡️ LES CORRECTIONS ACTUARIELLES, C’EST QUOI ?

Il s’agit d’un système de compensation au fait d’anticiper ou de postposer sa retraite. Cette compensation est exprimée en pourcentage (en moins ou en plus) appliqué sur le montant de la pension. Celui qui peut partir à 63 ans en 2026 (c’est-à-dire 3 ans avant l’âge légal, pour l’instant 66 ans), verra son montant de pension (disons 2.000 euros) baisser de 3 x 2%. Sa pension mensuelle passera donc à 1.880 euros.

La raison de cette mesure est claire : ce montant de 1.880 euros sera payé 36 mois de plus que s’il n’y avait pas d’anticipation. Ce n’est pas une sanction ! C’est une compensation face à une décision de quitter plus tôt le marché du travail.

A l’inverse, pour celui qui décide de partir un an plus tard, le montant sera de 2.040 euros. Ce n’est pas un cadeau ! C’est une compensation par rapport au fait de ne pas se voir payer cette pension pendant les 12 mois du report.

Et UCM s’étonne que le gouvernement continue de parler de malus et de bonus. Et nous ne soutenons pas particulièrement l’objectif final qui est de fixer le niveau de correction à 5%. En 2040, anticiper sa pension de 2 ans pourrait couter 10% de pension. Sachez qu’une étude du SPF Sécurité sociale commandée par le Comité CGG-ABC avait montré que la correction équitable serait atteinte avec un pourcentage de 3%. Fixer le taux à 5% renforce cette idée de « sanction ». Cela va encore davantage figer les départs à la pension. Or on sait que la demande est celle de « plus de flexibilité dans un cadre responsabilisant ».

Simplifier pour être compris, avec MyPension comme outil-clé

Un autre point essentiel : aujourd’hui, les projets de texte issus de l’accord de gouvernement Arizona mettent en œuvre de très nombreuses comptabilisations de carrière. Une carrière pour le calcul de la pension, une carrière spécifique pour échapper au « malus de 5% », deux autres carrières pour l’accès à la pension minimum, encore une carrière différente pour l’accès à la pension anticipée… C’est invraisemblable ! Comment assurer le suivi de 6 ou 7 décomptes de carrière ? C’est illisible, même pour les experts.

Il est tout à fait juste de limiter les années dites « assimilées » (périodes non cotisées) dans le calcul des pensions et dans les conditions de carrière. Mais il faut absolument simplifier et clarifier les notions de carrière et de carrière travaillée, faute de quoi la réforme restera obscure pour la grande majorité. Et cela limitera très fortement les impacts positifs (faible impact sur le taux d’emploi, aussi chez les 55-65 ans).

Simplifier donc. Mais il est aussi indispensable d’intégrer toutes les réformes dans MyPension. L’objectif doit être que chaque citoyen, chaque travailleur, chaque indépendant puisse visualiser clairement les effets de son parcours sur sa pension, dès aujourd’hui et tout au long de sa carrière. UCM plaide pour faire de MyPension un véritable outil de gestion personnelle de carrière, accessible, lisible et actualisé.

Nous reviendrons ces prochaines semaines sur ucmvoice.be et sur ucm.be avec les détails de ces réformes.

L'auteur.e de cet article

Renaud FRANCART
La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.
Renaud FRANCART

Renaud FRANCART

La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.

One thought on “Réforme des pensions : de la clarté plutôt qu’un « malus de 5% »

  1. Le coefficient de correction pour le calcul des pensions des indépendants n’a été supprimé qu’en 2021. Il serait juste d’appliquer un effet rétroactif pour les indépendants futurs retraités qui se sont fait raquetter leurs cotisations d’un bon tiers pendant des années.
    J’espère que l’UCM mene cette lutte.

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