Indépendants : la déconnexion reste un défi

Déconnecter ! De retour de vacances, faisons le point sur un enjeu majeur pour vous, indépendants et patrons de PME. Décrocher n’est pas évident quand on entreprend. L’enquête UCM menée en août 2025 auprès de 966 indépendants francophones le confirme : un constat clair, quelques nuances, mais surtout un défi à relever face à la surcharge de travail et au stress quasi permanent.

Rythme de travail excessifs pour les indépendants en Belgique

Plus d’un indépendant sur deux (53 %) travaille plus de 50 heures par semaine. Un sur quatre (26 %) dépasse les 60 heures. Le travail s’invite partout :

  • 81 % d’entre vous travaillent le soir,
  • 81 % aussi le samedi,
  • 60 % le dimanche,
  • et 72 % même pendant les congés.

Les congés, parlons-en ! Il ressort de notre enquête que, pour certains, les vacances sont réduites. Un indépendant sur huit (12 %) n’a pas pris un seul jour de congé au cours des trois dernières années. Près d’un quart (23 %) se limite à une semaine par an. Seuls 28 % parviennent à s’accorder plus de trois semaines.

Partir ne veut pas dire déconnecter

Prendre congé ne signifie pas toujours décrocher. Seuls 44 % d’entre vous parviennent à déconnecter, « assez bien » (32 %) ou « totalement » (12 %). Pour 45 %, la déconnexion reste trop faible, voire impossible.

Les différences sectorielles sont frappantes : dans le commerce, le score de déconnexion (36/100 en moyenne) n’atteint que 29/100. Dans l’HoReCa, il chute à 23/100, et 43 % estiment que décrocher est tout simplement hors de portée.

Travailler beaucoup, semaine après semaine, et ne pas avoir de moment de déconnexion peut mener à du stress chronique et au burn-out.

« La prévention du burn-out chez les indépendants passe d’abord par la reconnaissance de ses signes avant-coureurs. Cette vigilance est d’autant plus cruciale que l’entrepreneur a une tendance à se « suridentifier » à son activité, puisque son entreprise et lui ne font qu’un. »

– Catherine Hellemans, professeure au Centre de Recherche de Psychologie du Travail et de la Consommation de l’ULB, dans l’Echo.

Les bonnes pratiques pour déconnecter quand on est indépendant

Vous êtes déjà plusieurs à mettre en place des solutions. Près de 28 % d’entre vous s’imposent des moments sans écrans. Cette discipline paie : 58 % réussissent à décrocher en vacances, contre 39 % de ceux qui ne fixent pas ce type de limites.

Vous êtes aussi quelques-uns à tester le programme « J’entreprends mon bien-être ». Après 15 mois, il reste encore trop peu connu (31 % en ont entendu parler, 4 % le suivent vraiment). Mais pour celles et ceux qui y participent, les résultats sont là : moins de perte de sommeil, moins de stress lié à l’hyperconnexion et une meilleure capacité à décrocher.

Un enjeu pour votre santé et votre performance

Vous êtes 48 % à reconnaître que la déconnexion est indispensable à votre performance professionnelle. Mais entre la conviction et la pratique, l’écart reste important.

« “Dans ce milieu, on ne peut pas se permettre de flancher. Si je craque, c’est mon entreprise qui s’effondre. La pression financière, la peur de décevoir les clients et l’injonction à être omniprésent rendent difficile l’aveu de sa vulnérabilité. ”

– Catherine Choque, psychologue clinicienne spécialisée dans le bien-être au travail (One/groupe CESI), dans La DH.

La déconnexion reste un défi majeur chez les entrepreneurs. Chez UCM, nous insistons : il ne s’agit pas tant de faire baisser la masse de travail, par ailleurs souvent hyper-élevée. Il s’agit pour les indépendants de se donner le temps de respirer, sans culpabilité ! D’avoir des moments sans le stress quotidien, notamment durant les congés. Et ainsi se donner toutes les chances de performer au retour. Des entrepreneurs performants, robustes, c’est aussi un enjeu économique.

Amplifier les programmes de prévention

Depuis 2022, UCM a mis en place des programmes, « Icarius » puis à présent « J’entreprends mon bien-être », avec le soutien de la Sécurité sociale, donc de l’Institut National (INASTI) et des ministres David Clarinval et Eléonore Simonet. Ces programmes sont indispensables, mais encore trop peu connus et impactants.

UCM et son partenaire One (Groupe CESI) font le constat que seulement 3 € par an et par indépendant sont investis pour le sensibiliser, augmenter ses capacités de se sentir bien et de déconnecter. C’est trop peu en comparaison avec les 100 € par salarié investis par l’employeur (en moyenne).

Sur la base des constats que les programmes sont suivis (trop peu), qu’ils satisfont et qu’ils fonctionnent, il est pour UCM aujourd’hui nécessaire d’amplifier les initiatives et partager des conseils adaptés. La santé et le bien-être mental de chacun d’entre vous, indépendants, entrepreneurs, patrons de PME, sont essentiels pour vous, et aussi un facteur de développement économique pour nos régions.

L'auteur.e de cet article

Renaud FRANCART
La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.
Renaud FRANCART

Renaud FRANCART

La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.

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