Le gouvernement wallon veut remettre à plat l’écosystème de l’accompagnement des indépendants et des PME. C’est une chance à saisir, à condition d’assumer un choix clair : donner de l’ampleur à ce qui fonctionne et clarifier ce qui brouille la lisibilité pour les entrepreneurs. L’objectif n’est pas de tout reconstruire, mais de rendre l’écosystème plus visible, plus coordonné et plus efficace, avec des résultats mesurés à l’aune de la pérennité de l’entreprise et de l’emploi.
Un paysage trop complexe
Les opérateurs sont nombreux, parfois redondants, et les dispositifs s’empilent et se livrent parfois à une concurrence délétère. À tel point que les porteurs de projet s’y perdent. Entre les SAACE, les Hubs, l’IFAPME, les CEI, l’AdN, l’AWEX, les ADN, et la myriade de petites – voire très petites – structures qui tournent autour de tout ça, il y a de quoi avoir le tournis.
Donner de l’ampleur : des missions claires et visibles
La réforme doit reposer sur un principe simple : une mission, une image. Lorsque des structures réalisent la même mission, elles doivent converger afin d’offrir un visage unique et reconnaissable partout en Wallonie pour un service homogène sur le territoire. Cette lisibilité améliore le “parcours client”, limite les coûts de structure et concentre les moyens sur l’accompagnement effectif.
Faire du 1890 la porte d’entrée unique des entrepreneurs

Le 1890 (et plus largement Wallonie Entreprendre) doit devenir la porte d’entrée naturelle des indépendants et des PME vers les dispositifs d’accompagnement et de soutien (financier). Avec des outils simples – comme un test de maturité, une cartographie interactive – il doit mettre les entreprises immédiatement en contact avec le bon opérateur.
En collaboration avec les acteurs déjà présents sur le terrain, il faut repenser les permanences physiques et digitales. Nous sommes aussi convaincus qu’il est possible d’aller plus loin et non de se contenter de donner de l’information de première ligne. Mettre sur pied un réel centre des connaissances sur la création, la gestion, la croissance et l’innovation avec des contenus mutualisés (fiches, vidéos, podcasts, formations) évite à chaque opérateur de réinventer ses propres supports.
Wallonie Entreprendre, le gouvernail qui pilote par la donnée
Wallonie Entreprendre (WE), en s’appuyant sur son identité forte doit assumer un véritable rôle de gouvernail. Son pilotage doit s’appuyer sur des données utiles, issues d’une connaissance fine du tissu économique ainsi que sur ses (fameux) « livrables » repensés pour l’entrepreneur et pour la décision publique. Ces livrables doivent être complètement digitalisés, précomplétés (selon le principe Only Once), afin d’éviter les doubles encodages mais surtout de permettre un suivi proactif des besoins, des obligations et des fragilités des entreprises wallonnes et d’assurer l’amélioration continue des accompagnants.

Supprimer la gestion, renforcer l’accompagnement
A partir du 1er octobre, il ne sera plus obligatoire de prouver des connaissances en gestion de base pour créer son entreprise. Cette simplification ne change cependant pas le besoin de compétences. Nous attendons de la réforme qu’elle offre au candidats entrepreneurs plus de solutions d’accompagnement et surtout de meilleurs outils.
Mesurer l’impact réel
La réforme n’aura de sens que si elle modifie aussi les repères. Pour UCM, elle doit être l’occasion de changer les indicateurs d’impact : s’intéresser à la survie à moyen terme et aux emplois créés permettra de véritablement mesurer l’impact des différents programmes d’accompagnement sur l’économie wallonne.
Changer la boussole doit aussi permettre d’inscrire les entreprises dans un véritable « parcours usager » qui devrait rendre possible le suivi des entreprises dans leur développement par les autorités wallonnes. Et ainsi, d’être proactif et d’anticiper les besoins aux moments clés.

Au-delà de la réforme, on attend des résultats !
Le « paysage de l’accompagnement » wallon est riche, plein de talents, de connaissances et de compétences. Un potentiel immense pour la région et pour notre prospérité. La réforme doit structurer, clarifier et objectiver pour rendre encore plus efficaces les structures qui ont le dynamisme entrepreneurial pour mission. Et pour offrir à nos entreprises plus de puissance et d’impact sur l’économie wallonne.
L'auteur.e de cet article

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