Les trois-quarts des travailleurs « freelance » sont d’anciens salariés restés dans leur secteur d’activité mais qui ont changé de statut pour des raisons de « choix de vie ». Voici un des enseignements principaux de notre nouvelle enquête UCM « Freelancer ». Parmi les raisons invoquées pour justifier ce basculement : les indépendants apprécient particulièrement leur autonomie, la flexibilité de leur statut et aspirent à de meilleurs revenus.
Les freelances sont des indépendants sans personnel qui fournissent principalement, mais pas exclusivement, des services aux entreprises (BtoB) sur la base de contrats ou de projets temporaires. Les principales raisons qui poussent des travailleurs à choisir le freelancing sont : le sentiment de se sentir compétents (69%), l’autonomie dans la méthode de travail (64%), la flexibilité dans les horaires de travail et les lieux (56%), et la perspective d’obtenir de meilleurs revenus (34% des répondants). Viennent ensuite le fait de ne pas avoir de hiérarchie, la variété des missions,…
Un profil type particulier
L’écrasante majorité des freelancers le sont à titre principal. Ces derniers sont en général assez expérimenté (au moins 5 ans d’expérience en tant que freelance pour 77% des répondants, un âge moyen de plus de 45 ans) avec un niveau de formation élevé (près de 55% ont un master ou plus). On y constate aussi une surreprésentation d’hommes qui sont environ 75% pour seulement 25% de femmes.
La majorité des freelances travaille pour 1 à 5 clients différents par an, et le plus souvent des sociétés de plus de 50 employés. Ils s’imposent donc comme des supports essentiels pour des entreprises de plus en plus nombreuses. Pour 80% des répondants, les missions durent généralement plus de 10 semaines. Les indépendants décrochent surtout des contrats dans leur réseau personnel (proches, amis, relations d’affaires) et auprès d’anciens clients.
Un statut à risque malgré tout apprécié
Une prise de risque payante pour une majorité d’entrepreneurs solos : plus de la moitié des répondants (58%) estime avoir un bon revenu, 65% des freelances désirent poursuivre leur activité en gardant leur statut. Selon notre partenaire Graydon, le nombre de freelances augmente d’ailleurs chaque année en Belgique d’environ 5% tous secteurs confondus, ce qui reste supérieur au reste de l’économie.
« La progression constante du nombre de freelance, leur taux de satisfaction et le fait qu’ils travaillent majoritairement dans le même secteur qui était le leur quand ils étaient salariés, démontrent que le statut de salarié est de moins en moins en phase avec les aspirations de ces travailleurs », selon Clément Poulain, conseiller au service d’études UCM. « Parmi les besoins de ces freelances : que l’on puisse centraliser les offres de mission des entreprises, un peu comme il existe des bases de données d’offres d’emploi pour les salariés ».
Symbole d’un marché du travail en pleine mutation ?
Les enseignements de cette enquête sont particulièrement intéressants : dans un marché du travail en pleine mutation, le modèle du salariat n’apparait plus comme la solution naturelle pour exercer ses talents. Alors que des réformes fondamentales sont en cours au niveau de la (re)mise à l’emploi, il apparait clairement qu’une part de plus en plus importante de la population se détourne du modèle classique du salariat. Dans le même temps, de nombreux indépendants ne cherchent plus à engager du personnel mais plutôt à construire un réseau de partenaires au gré des missions.
Les entreprises cherchent de la flexibilité, les travailleurs cherchent de la liberté. Entre les deux, le CDI commence à fissurer. Le lien de subordination s’efface, les statuts se mélangent. Si le modèle du CDI n’est plus aussi attractif pour tout un chacun, employé ou employeur, être indépendant c’est gérer une trésorerie, des clients, des factures, du stress. Ce n’est pas juste changer de statut administratif. UCM continue à se battre pour une reconnaissance à juste titre du statut d’indépendant, la pérennisation des outils d’accompagnement ou encore l’allègement des charges administratives et fiscales. Etre indépendant ne s’improvisait pas hier, il ne s’improvisera pas non plus demain !

L’enquête Freelancer d’UCM est une prise de pouls du secteur du travail indépendant et est réalisée par UCM auprès de freelances de tous secteurs d’activités en Wallonie et à Bruxelles. Si vous désirez encore donner votre avis, il n’est pas trop tard ! L’enquête Freelancer est encore disponible ici : https://fr.research.net/r/Freelancing2025
L'auteur.e de cet article
- Conseiller Economie et Industrie - Chargé des études socio-économiques au Service d'Etudes
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