Heures d’ouverture des commerces : les adapter ou se réinventer ?

Les propositions de loi pour ouvrir les commerces plus tard et davantage de dimanches sont nombreuses. Trop nombreuses et non adéquates pour UCM et les commerçants qu’elle représente.

Elles ont été examinées au Parlement et visent à assouplir la loi sur les heures d’ouverture de manière généralisée. Comprenez : étendre l’ouverture des magasins jusqu’à 22h et supprimer le jour de repos hebdomadaire ou y déroger mensuellement.

L’œil critique des organisations représentant les indépendants et PME en Belgique s’est posé dessus.

En commençant par expliquer qu’actuellement, un commerçant sur deux n’ouvre pas le dimanche. C’est ce qui ressort de notre dernier sondage à l’aube des soldes. Nous avons aussi montré que parmi ceux qui ouvrent le dimanche, c’est souvent moins de 5 dimanches par an, cela reste marginal.

En rappelant que ce n’est pas parce que la loi prévoit des heures d’ouverture plus étendues dans certains pays qu’il est fait usage de ces possibilités. Les Pays-Bas ferment à 17h30, la France à 19h y compris dans certaines grandes villes, et les pays du Sud ferment dans l’après-midi.

Les principaux freins aux ouvertures élargies

  • L’équilibre vie professionnelle / vie privée est le frein principal pour plus d’un commerçant sur deux. Assouplir les heures d’ouverture obligerait pourtant l’indépendant.e à s’aligner sur ses plus grands concurrents, en ouvrant plus d’heures. Ce qui restreindrait sa liberté et mettrait son équilibre encore plus à mal ;
  • L’absence de demande du client est aussi invoquée par 40% des commerçants. En effet, les initiatives qui existent déjà pour ouvrir le dimanche ou tard le soir ne rencontrent qu’un succès limité. Au-delà des évidences comme les soldes, les fêtes de fin d’année ou autres événements exceptionnels, le consommateur n’est pas demandeur ;
  • L’avantage coûts/bénéfices nul ou trop maigre est également mis en avant par deux commerçants sur cinq. Le pouvoir d’achat des consommateurs n’augmentera pas alors que les frais supplémentaires liés à une ouverture élargie seront bien présents pour le commerçant. De plus, un assouplissement d’ouverture risque de déplacer le chiffre d’affaires des petites entreprises vers les plus grandes qui, elles, ont les moyens d’ouvrir plus facilement plus tard et plus souvent ;
  • Le coût et la disponibilité du personnel sont enfin pointés du doigt par un commerçant sur cinq. La législation sur l’occupation des travailleurs ne permet pas facilement d’occuper du personnel pour ces dimanches. Avant de proposer des horaires plus larges, il faudrait donc s’assurer qu’ils soient réalisables du point de vue employeur.

Les principales innovations des commerçants

Pour s’adapter à la concurrence des géants du web et des plus grandes chaînes, les commerçants indépendants ont trouvé d’autres voies :

  • Pour 42% d’entre eux, le digital (dans toutes ses dimensions) apporte une réponse aux évolutions des modes de consommation ;
  • 38% ont également adapté leur offre de produits ou de services ;
  • Parmi ceux ci, très peu nombreux ont adapté leurs horaires d’ouverture (moins d’un commerçant sur cinq), on observe une tendance à la personnalisation croissante : ouvrir sur rdv, selon le besoin du client et à sa demande.

Ils ont donc, avant tout, été attentifs et proactifs face aux changements dans les comportements de consommation. Et c’est bien là que réside la force des plus petits acteurs.

Pour toutes ces raisons, adapter les heures d’ouverture ne doit pas être à l’ordre du jour. Les commerçants se sont plutôt réinventés. UCM l’a fait savoir par tous les canaux possibles et sera attentive à actualiser ses constats et les demandes des indépendants.

Benjamin LUCAS

Benjamin LUCAS

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