La transition énergétique est un enjeu crucial pour notre société. Cependant, elle ne peut se faire au détriment des indépendants, micro-entreprises et petites et moyennes entreprises (TPME) qui constituent l’épine dorsale de l’économie bruxelloise. Alors que le Parlement bruxellois s’apprête à pérenniser certaines mesures visant à réduire la consommation d’énergie, il est donc essentiel de rappeler que chaque décision politique doit être accompagnée d’un soutien adéquat pour les acteurs économiques concernés.
Une transition énergétique nécessaire mais exigeante
Le projet d’ordonnance débattu au Parlement bruxellois ce vendredi 31 janvier prévoit, notamment, la pérennisation des mesures de sobriété énergétique adoptées durant la crise énergétique de 2022-2023. Sont visées :
- l’extinction des enseignes lumineuses,
- l’interdiction des chaufferettes,
- ou encore l’obligation de fermer les portes des commerces.
Ces dispositions sont certes indispensables pour atteindre les objectifs climatiques que s’est fixée la Région. Cependant, elles impliquent des coûts parfois insoutenables pour les TPME. Or, ces dernières peinent déjà à se relever des crises successives.
Le cas des chaufferettes en terrasse : entre pragmatisme écologique et soutien économique
L’interdiction des chaufferettes sur les terrasses extérieures illustre les tensions entre ambition écologique et réalité économique d’un secteur HORECA déjà fragilisé par les crises récentes.
Le constat est clair : chauffer l’air public est un non-sens écologique. Cependant, imposer une transition sans filet de sécurité pourrait étouffer un secteur vital pour l’économie et le vivre ensemble bruxellois.
UCM plaide donc pour des dérogations ciblées, telle que pour les chaufferettes utilisant une énergie plus verte. Dans ce cadre, nous demandons aux politiques bruxellois un engagement fort en faveur de mesures d’accompagnement des établissements concernés, au travers notamment de la pérennisation du Pack Energie. Cet accompagnement est en effet crucial si l’on veut sensibiliser et soutenir les indépendants et TPME dans le choix d’une énergie plus durable.
Extinction des lumières : la sécurité doit rester l’affaire des pouvoirs publics
L’encadrement des horaires d’éclairage (bureaux, commerces, enseignes lumineuses) fait également partie des mesures dont la pérennisation est prévue. Entre 23h et 6h, les lumières devront être éteintes. UCM soutient pleinement l’objectif de sobriété énergétique servi par cette mesure. Empreinte de bon sens, de nombreux commerçants l’ont du reste déjà adoptée.
Le projet d’ordonnance prévoit toutefois que les communes pourront y déroger pour des raisons liées à la sécurité d’un quartier déterminé. Il est vrai qu’un éclairage adapté contribue au sentiment de sécurité et à la prévention des actes de vandalisme. UCM rappelle cependant que la sécurité des quartiers commerçants ne doit PAS incomber aux entrepreneurs. Maintenir les enseignes ou les vitrines allumées constitue une charge financière et environnementale injustifiée pour ces derniers. La sécurité publique est et doit rester la responsabilité des pouvoirs publics.
La sécurité des quartiers ou la lutte contre le gaspillage énergétique ne peuvent en aucun cas reposer sur les épaules des commerçants seuls. Une transition réussie nécessite une action collective, où les pouvoirs publics jouent pleinement leur rôle. Ne transformons pas un défi climatique en une sanction économique.
Une approche punitive à revoir
Le projet d’ordonnance prévoit en outre des sanctions dans le chef des indépendants et TPME en cas de non-respect. Ces sanctions pourraient fragiliser davantage les entreprises, déjà éprouvées par les crises successives.
Plutôt qu’un cadre purement coercitif, UCM rappelle l’importance de privilégier une approche incitative et pédagogique. Les entreprises doivent être encouragées à adopter des comportements vertueux grâce à des dispositifs de soutien adaptés. On pense notamment à des primes à l’investissement, des formations ou des accompagnements personnalisés.
La transition écologique est une opportunité, pas une sanction. Ensemble, faisons-en un moteur de prospérité pour Bruxelles.
Oui à la sobriété énergétique MAIS avec un accompagnement pour réussir cette transition
La transition énergétique est un enjeu majeur. Toutefois, elle ne doit pas se faire au prix de l’asphyxie des indépendants et TPME, qui sont au cœur de l’économie bruxelloise. Dès lors, les mesures de sobriété énergétique, aussi nécessaires soient-elles, doivent s’accompagner de solutions concrètes : primes, accompagnement et approches incitatives.
Chaque mesure adoptée doit être pensée pour conjuguer ambition écologique et soutien économique. A défaut, nous risquons d’éteindre bien plus que des enseignes lumineuses.
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