Baromètre 2024 des PME et indépendants bruxellois (1/2) : un avenir incertain

Alors que Bruxelles peine à se doter d’un gouvernement de plein exercice, les indépendants et PME bruxellois voient leur situation se détériorer. C’est ce que confirment les résultats du dernier baromètre de Brupartners Entrepreneurs – Indépendants (Bru EIZO).

Dans le courant du second semestre 2024, Bru EIZO – dont UCM assure la vice-présidence – a sondé les entrepreneurs et indépendants bruxellois sur leurs perspectives et prévisions. Plus de 560 répondants ont ainsi rempli le questionnaire. Celui-ci contenait, en outre, un focus sur la mobilité et la problématique du stationnement en région bruxelloise.

Les résultats de ce baromètre mettent une nouvelle fois en lumière les défis croissants auxquels sont confrontés les PME et indépendants bruxellois. La confiance des entrepreneurs continue de chuter, freinée par l’augmentation des charges, les difficultés d’accès au financement et l’incertitude économique croissante.

Des solutions concrètes doivent être mises en place pour préserver la vitalité économique de Bruxelles.

Un moral en berne et des perspectives toujours inquiétantes

Le climat entrepreneurial bruxellois poursuit sa lente mais constante dégradation par rapport au précédent baromètre, avec des difficultés particulièrement marquées dans certains secteurs.

D’une manière générale, la rentabilité et la trésorerie sont en recul, illustrant une pression financière croissante sur les entreprises. Les carnets de commandes se vident, traduisant une demande en berne, notamment dans les secteurs les plus exposés aux fluctuations économiques.

Par ailleurs, les délais de paiement des clients s’allongent, aggravant les tensions de trésorerie et rendant plus difficile la gestion quotidienne des entreprises. Le moral des entrepreneurs est en nette baisse, avec une diminution du plaisir à exercer son activité et un climat d’incertitude pesant sur la motivation du personnel.

Enfin, les difficultés en matière d’emploi se confirment, avec des baisses marquées du nombre d’employés et des défis persistants liés à l’engagement et à la fidélisation du personnel. Dans ce contexte, les entreprises bruxelloises expriment un besoin urgent de soutien afin de surmonter ces obstacles et retrouver des perspectives plus favorables.

Les facteurs qui pénalisent les PME bruxelloises

Si on analyse les facteurs impactant négativement les perspectives des PME bruxelloises, on note les enseignements suivants :

Les aménagements urbains inadaptés : 74 % des répondants jugent qu’ils compliquent leur activité, illustrant un décalage entre les politiques d’aménagement et les besoins concrets des entreprises.
L’accessibilité difficile des bureaux : 63 % des entrepreneurs constatent une dégradation, rendant plus difficile l’arrivée des employés et des clients, avec des conséquences directes sur la productivité.
Le coût de l’énergie : 60 % des entreprises subissent une pression accrue liée à la flambée des coûts de l’énergie, limitant leur capacité d’investissement et leur compétitivité.
La politique environnementale : 59 % des répondants perçoivent les réglementations écologiques comme un frein supplémentaire, soulignant un manque d’adaptation aux réalités économiques des PME et indépendants.
L’insécurité (vols, vandalisme…) : 58 % des entreprises se disent affectées par l’augmentation de l’insécurité, qui pèse non seulement sur leurs charges (sécurisation des locaux) mais aussi sur leur attractivité et celle de leurs quartiers. Ce motif est également invoqué comme raison justifiant l’envie de déménager son entreprise en dehors de Bruxelles.

Ces chiffres révèlent une accumulation de freins structurels qui nuisent à l’environnement économique bruxellois, appelant des mesures urgentes pour alléger la pression sur les entreprises et améliorer leur cadre d’activité.

Plus d’un entrepreneur sur trois envisage de quitter Bruxelles

Quant à la question de savoir s’ils envisagent de quitter Bruxelles pour s’installer dans l’une des deux autres régions, la réponse est sans appel. 38% des sondés répondent par l’affirmative, soit une augmentation de 3% par rapport à la précédente enquête.

Les principales raisons invoquées sont :

La mobilité et le manque parking pour 62% d’entre eux,
La charge administrative et les taxes régionales bruxelloises pour 16%,
L’insécurité pour 7%,
Et enfin le manque de propreté pour 5%.

Sans surprise, on y retrouve les principaux facteurs identifiés ci-dessus comme ayant un impact négatif sur les perspectives des entrepreneurs bruxellois.

Que demande UCM pour relancer l’économie bruxelloise ?

UCM appelle les décideurs politiques à prendre des mesures de soutien à l’entrepreneuriat ciblées pour préserver le dynamisme du tissu entrepreneurial bruxellois.

Pour en citer quelques unes :

Adapter les aménagements urbains aux besoins économiques

Instaurer un dialogue régulier avec les entreprises pour garantir des infrastructures adaptées à l’activité économique (stationnement, accès logistique, signalisation).

Repenser les plans de mobilité

En intégrant des solutions pragmatiques pour les commerçants et indépendants (zones de livraison, parkings adaptés, optimisation des flux de circulation).

Améliorer l’accessibilité aux bureaux et commerces

Investir dans des solutions de mobilité facilitant l’accès aux lieux de travail (transports en commun plus efficaces, parkings relais, maintien d’un minimum de places de stationnement).

Fluidifier la circulation en coordonnant mieux les chantiers et en évitant des restrictions excessives qui pénalisent l’activité économique.

Alléger la pression des coûts énergétiques sur les PME

Dans le cadre de la Shifting Economy, accélérer le soutien aux entreprises pour la transition énergétique (subsides pour l’isolation via le maintien de la prime RENOLUTION, aides à l’investissement dans des équipements moins énergivores).
Renforcer l’accompagnement personnalisé des entreprises (diagnostics environnementaux gratuits, conseils sur les meilleures pratiques et suivi régulier pour assurer une transition efficace), notamment via la pérennisation du Pack Energie.

Adapter la politique environnementale aux réalités économiques

Évaluer l’impact économique des politiques environnementales et réaliser des études d’impact pour identifier les défis potentiels pour les TPME.
Adapter les réglementations environnementales à la taille de l’entreprise (Small Business Act).
Mettre en place des incitants plutôt que des sanctions pour encourager les entreprises à adopter des pratiques durables (primes, allègements fiscaux pour les investissements verts).
Promouvoir des partenariats inter-entreprises en encourageant la collaboration entre grandes entreprises et TPME pour mutualiser les ressources et partager les bonnes pratiques en matière de durabilité. Ces partenariats peuvent faciliter l’accès à des technologies vertes coûteuses et favoriser une diffusion plus rapide des innovations écologiques.

Renforcer la sécurité pour protéger les entreprises

Augmenter la présence policière dans les quartiers commerciaux et les zones d’activités.
Faciliter l’accès aux dispositifs de sécurisation (caméras, alarmes) via des soutiens financiers.
Mettre en place un plan d’action spécifique pour lutter contre les vols et le vandalisme, en concertation avec les acteurs économiques locaux.

Ces mesures, et bien d’autres, permettraient de mieux concilier développement économique et qualité de vie de tous, tout en évitant l’exode des entreprises hors de Bruxelles. Elles ne rentrent toutefois pas dans le cadre des affaires courantes d’un gouvernement. On ne le répétera donc jamais assez : il est urgent que la Région se dote d’un gouvernement de plein exercice. Apporter une réponse structurante et efficace à ces enjeux cruciaux pour éviter l’exode du tissu économique bruxellois vers les autres régions ne peut plus attendre.

Mesdames et Messieurs les décideurs politiques, entendez la voix de ceux qui font vivre Bruxelles !

Tous ces éléments sont à découvrir dans le rapport complet des résultats de la 12^ème vague du Baromètre des indépendants et PME bruxellois de Brupartners – Entrepreneurs Indépendants.

Plus d’informations : www.barometredesindependants.brussel