Tarifs douaniers de Donald Trump : comprendre leurs impacts sur les marchés, et sur nos PME

Nonante jours de sursis. Voilà le délai accordé par l’administration Trump à ses « partenaires commerciaux » avant l’application de ses nouveaux tarifs douaniers. Ces annonces et mesures ont vivement secoué le monde et les marchés. Quelles implications (très concrètes) attendre pour l’économie et les entreprises ? Décryptage en chiffres.

La politique commerciale agressive relancée depuis quelques semaines par Donald Trump est dans toutes les conversations. En février, Donald Trump annonçait l’imposition imminente de droits de douane (principalement de 20 %) sur une large gamme de produits européens, incluant l’acier, l’aluminium, les automobiles et les produits agricoles, invoquant un déficit commercial jugé excessif. L’Union réagissait dans la foulée en appliquant des droits de douane « forts mais proportionnés » sur des produits américains emblématiques. 

Entretemps, la plupart des mesures sont temporairement suspendues. La Chine reste dans le viseur.

Une approche controversée du calcul des tarifs

Ces nouveaux tarifs douaniers varient considérablement selon les pays : 20 % pour l’Union européenne, 46 % pour le Vietnam, et jusqu’à 245 % pour la Chine[1]. Cette disparité soulève des questions sur la méthodologie employée.

Sous des dehors de formules mathématiques complexes, l’administration américaine a, en réalité, utilisé une formule simplifiée basée sur le déficit commercial bilatéral pour déterminer ces taux.

En clair pour le taux européen, l’écart entre le total des importations de produits européens sur le sol américain (soit $ 605,8 milliards) et le total de produits US exportés vers l’Europe (soit $ 369,3 milliards) se chiffre à $ 235,6 milliards en faveur des biens européens.

L’administration Trump décide ensuite de diviser ce montant par le total des produits européens importés aux USA, afin de déterminer en pourcentage le « manque à gagner américain ». On obtient alors un taux de 39%. Le Président Trump étant de nature généreuse (selon ses dires), il accorde un rabais de 50% sur ces 39%, pour arriver à un tarif douanier de 20% appliqué à tout bien importé depuis l’Union européenne.

Cette approche a bien sûr été critiquée par de nombreux économistes, qui la jugent arbitraire et déconnectée des réalités économiques complexes.

Exemples concrets d’application des tarifs

  • Importation d’un véhicule européen

Un concessionnaire américain importe une voiture allemande d’une valeur de 40 000 $. Avec un tarif de 20 %, le coût grimpe à 48 000 $, soit une augmentation de 8 000 $ — une différence non négligeable pour le consommateur américain final.

  • Importation de composants chinois

Une entreprise américaine qui importe pour 100 000 $ de composants électroniques chinois devra s’acquitter de 145 000 $ de droits de douane supplémentaires (dans l’hypothèse de tarifs à 145%). Résultat : un coût total plus que doublé, difficile à absorber sans répercussions sur les prix finaux.

Réactions en chaîne sur les marchés

L’annonce des tarifs a directement plongé les marchés dans la tourmente :

  • Le Dow Jones a chuté de plus de 1 600 points,
  • Le Nasdaq et le S&P 500 ont enregistré leurs pires baisses depuis 2020,
  • Le cours du baril de pétrole a baissé, témoignant d’inquiétudes sur la demande mondiale,
  • Côté tech, NVIDIA et Amazon ont connu des variations sensibles. Le constructeur de puce électronique a ainsi déjà chiffré une perte de plus de $5,5 milliards suite à l’interdiction d’exportation de puces vers la Chine

Le dollar en difficulté : un signal fort

Autre indicateur à surveiller : la chute du dollar face aux autres grandes devises. Or, l’économie mondiale fonctionne en grande partie sur cette monnaie de référence. Un affaiblissement du billet vert entraîne une série de conséquences :

  • Les importations deviennent plus coûteuses pour les États-Unis,
  • Les matières premières, libellées en dollar, sont, dans un premier temps, moins chère pour le reste du monde. Cependant, la demande mondiale grimpant en flèche, ces mêmes produits verront leurs prix s’envoler rapidement dans un second temps.
  • La volatilité monétaire alimente les inquiétudes sur la stabilité des échanges internationaux.

Impacts pour les PME

Le coût du tarif douanier sera toujours payé par l’importateur, et répercuté sur le consommateur final américain. Les prix des produits belges aux USA vont donc augmenter, réduisant la compétitivité et l’attrait de ceux-ci auprès du consommateur américain. Des pertes de part de marché des entreprises exportatrices belges sont à attendre.

De plus, si l’Union européenne réplique elle aussi par des droits de douanes, les entreprises dépendantes de produits US verront leurs coûts augmenter. Leur chaîne d’approvisionnement se verra en conséquence impactée.

Comme évoqué plus haut, les prix des matières premières et de l’énergie risquent d’être impactés. Toutes les PME seront impactées par ces conséquences, en particulier celles ayant une forte dépendance vis-à-vis des coûts de l’énergie et des matières premières (ex : boulangers, restauration).

Enfin la Chine, également durement impactée par des droits douanes US, risque d’écouler massivement ses stocks sur le marché européen.

Anticiper, s’adapter, diversifier

Un sondage UCM révèle que 51 % des PME s’inquiètent de l’incertitude liée aux politiques économiques américaines.

Face à ces impacts, que faire ?

  1. Diversifier les débouchés commerciaux : au-delà des États-Unis, il est nécessaire de renforcer les partenariats avec des marchés alternatifs comme l’Inde, le Canada ou le Vietnam, et d’accompagner les PME dans leurs démarches à l’international.
  2. Préserver l’économie locale face à la Chine : Il faut également encourager un partenariat équilibré tout en limitant l’afflux de produits à bas coût via des mesures ciblées.
  3. Anticiper les chocs économiques : Enfin, il faudra certainement penser à mettre en place des soutiens financiers et envisager des réductions de charges, crédits d’impôt ou aides sectorielles pour amortir les hausses de coûts.

Des questions sur les démarches, les droits de douanes ou les accises liés à votre activité ? Une de nos membres peut vous aiguiller : https://customs-made.com/


[1] https://www.whitehouse.gov/fact-sheets/2025/04/fact-sheet-president-donald-j-trump-ensures-national-security-and-economic-resilience-through-section-232-actions-on-processed-critical-minerals-and-derivative-products/

Sébastien Splingard

Sébastien Splingard

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