Réformer les jours fériés, quelle opportunité !

Le 1er mai, les salariés et les fonctionnaires fêtent le travail. En ne travaillant pas. Mais en étant payés quand même. Quid pour ceux qui travaillent quand même ? Réflexions autour des paradoxes de notre législation. Et sur les possibilités de rendre tout cela plus souple, et davantage compréhensible pour les indépendants et chefs de PME.

La législation belge encadrant le régime des jours fériés remonte à… 1974. En plus de 50 ans, notre économie, notre organisation du travail, et les besoins des entreprises ont profondément évolué. Pourtant, les règles restent rigides, uniformes, et parfois déconnectées des réalités des petites entreprises. L’heure est venue d’ouvrir un débat serein et constructif : comment adapter la réglementation sur les jours fériés pour offrir plus de souplesse, sans dénaturer les droits fondamentaux des travailleurs ?

10 jours / Faut-il repenser le nombre de jours fériés ?

La Belgique compte aujourd’hui 10 jours fériés légaux, tous chômés sauf exception. Ce chiffre est comparable à nos voisins, mais rien n’interdit d’en interroger la pertinence.

Plutôt que d’en supprimer certains purement et simplement, une piste serait de les intégrer en partie dans les congés annuels.

Cela permettrait plus de flexibilité dans leur utilisation, et plus d’autonomie dans leur planification, en particulier dans les PME où l’absentéisme même ponctuel peut avoir un fort impact.

Le mois de mai / Une répartition inégale dans l’année

Le calendrier actuel concentre plusieurs jours fériés en mai (1er mai, Ascension, Pentecôte), alors que des mois entiers – comme octobre ou février – en sont totalement dépourvus. Ce déséquilibre complique l’organisation du travail. Pourquoi ne pas envisager une répartition plus équilibrée sur l’année ? Mieux : certains jours pourraient être fixés par accord entre employeurs et travailleurs, à l’image des congés collectifs dans certaines entreprises. Cela offrirait un cadre plus souple, plus cohérent avec les cycles d’activité réels.

Travailler quand même / Repenser le caractère chômé obligatoire

Actuellement, les jours fériés sont légalement non travaillés, sauf exceptions encadrées. Le régime belge a calqué son fonctionnement sur celui du travail dominical : interdiction de principe, autorisation sous conditions.

Pourquoi ne pas travailler quand-même ? Dans plusieurs pays, le caractère chômé d’un jour férié est négociable au niveau du secteur ou de l’entreprise.

Une telle évolution en Belgique permettrait aux employeurs – notamment de PME – de maintenir leur activité certains jours fériés moins sensibles, avec l’accord des travailleurs, moyennant compensation également négociée.

Récupération dans les 6 semaines / A revoir ?

Aujourd’hui, lorsqu’un jour férié est travaillé, il doit obligatoirement être récupéré (dans les 6 semaines) par un jour de congé équivalent. Et s’il tombe un dimanche, il doit être remplacé un autre jour. Ces règles rigides ne tiennent pas toujours compte des réalités du terrain. Pourquoi ne pas ouvrir la porte à des accords sur la récupération : le travailleur pourrait, en accord avec l’employeur, choisir s’il souhaite récupérer le jour, être payé en sursalaire, ou reporter ce droit à un moment plus opportun. Cette souplesse favoriserait une gestion plus efficace des ressources humaines dans les petites structures.

Une réforme gagnant-gagnant est possible

Réformer ne veut pas dire affaiblir. Une modernisation du régime des jours fériés pourrait être bénéfique à la fois pour les entreprises et pour les travailleurs :

  • Plus de liberté de choix
  • De meilleures répartitions dans l’année
  • Des modalités adaptées à chaque secteur

Les PME ont besoin de cette souplesse pour rester compétitives, surtout dans les secteurs à forte saisonnalité ou à cycles irréguliers.

Plutôt qu’un modèle uniforme, basé sur une logique centralisée, nous pourrions évoluer vers un système plus souple, plus négociable, et plus moderne.

Et bonne fête du travail à tous ceux qui travaillent, surtout les indépendants !

Matthieu DEWEVRE

Matthieu DEWEVRE

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