La Belgique est face à des choix industriels déterminants et les PME et indépendants doivent être pleinement mobilisés dans l’atteinte de ses objectifs. C’est le message qu’UCM a porté ce 4 juin à la Chambre des représentants.
Nous le soulignions il y a quelques semaines encore : dans un contexte économique et géopolitique en pleine mutation, la Belgique fait face au défi de renforcer et redéployer son industrie. Nous appelions les autorités fédérales à prendre à bras le corps cette thématique centrale pour assurer notre compétitivité. Aujourd’hui, la stratégie MAKE 2030 portée par le Ministre Clarinval et le Premier Ministre de Wever est sur les rails. Avec quelles ambitions pour les PME ?
Une concertation plutôt qu’une stratégie
Les travaux du plan interfédéral MAKE 2025-2030 sont lancés. Ce plan stratégique vise à renforcer l’industrie belge en la positionnant comme moteur essentiel de la compétitivité économique nationale. UCM était clairement demandeur de cette initiative ! Le plan prévoit une collaboration étroite entre les niveaux fédéral et régional, mobilisant les leviers fédéraux en matière de fiscalité, de marché du travail, de l’énergie, de la simplification administrative et de la sécurité juridique.
Trois objectifs sont poursuivis :
- Préserver la compétitivité et accélérer la croissance de la productivité ;
- Investir dans les secteurs porteurs ;
- Consolider l’autonomie stratégique ouverte
UCM souscrit parfaitement à ces objectifs et le message positif donné par les autorités … mais ne crions pas victoire trop vite ! A ce stade, seul un calendrier de concertation est défini avec les partenaires mais encore aucune mesure concrète. Or, il est temps d’agir !

L’industrie est aussi l’affaire des PME !
Alors que, dans l’imaginaire collectif, le secteur industriel est lié à de grandes entreprises, la Belgique est marquée par une forte densité de PME, aussi dans le secteur industriel. Statbel recensait environ 56.000 entités industrielles en Belgique pour 2023, et les PME et indépendants y occupent une part largement majoritaire.
- L’industrie est le 3ème secteur économique de Belgique (8.3% des PME belges).
- C’est un secteur de PME : 45% des entreprises n’ont pas d’employés, 65% des entreprises industrielles sont des micro-entreprises de moins de 10 ETP.
❌ Cependant, c’est aussi un secteur où les PME sont moins compétitives :
- L’industrie a une importance économique décroissante. Malgré une augmentation absolue du nombre d’entités (au plus haut depuis 2002 !), sa part dans le PIB belge n’a jamais été aussi faible : l’industrie croit moins vite que le reste de l’économie !
- Le taux de survie à cinq ans s’est détérioré dans les secteurs de l’industrie manufacturière (de 70,3 % à 65,6 %… la plus forte chute tous secteurs confondus sur 10 ans).
- Le secteur manufacturier est un des 3 secteurs ayant enregistré le plus de faillites en 2024, avec une augmentation de 17%.
Quelle industrie demain en Belgique ?
Le secteur est donc sous pression et a besoin d’une réponse politique rapide. Cependant, dans le contexte particulier que nous connaissons, des choix seront faits. Les spécialités de nos PME seront-elles soutenues par ce plan interfédéral ? Rien n’est moins sur. En effet, si les PME sont nombreuses, leur secteur de spécialité est spécifique. Deux tiers des PME industrielles sont concentrées dans 4 secteurs :
- la fabrication de produits métalliques,
- l’alimentaire,
- la réparation/installation de machines
- l’imprimerie et la reproduction.
Alors que le bois et de l’habillement constituent des secteurs importants également, les secteurs chimiques et plastiques sont limités dans les PME. Ceci étant dit, ces secteurs seront-ils au cœur de la stratégie de relance fédéral ?

Soutenir la croissance des PME et leur transition
Relancer l’industrie, c’est s’attaquer à une série de fondamentaux économiques. Pour que ce soit une réussite, les particularités du tissu de PME doivent être prises en compte. Nous pouvons par exemple citer les enjeux suivants :
- Compétences et formations certifiées et spécialisées dans les nouvelles technologies.
- Accessibilité des technologies : avoir accès, comprendre et utiliser les technologies à leur plein potentiel.
- Investissements importants : mitiger les risques financiers via des soutiens publics/parapublics (soutenir la montée en maturité des PME, soutenir la prise de risques).
- Simplification administrative nécessaire.
- Mettre en place/soutenir un nouveau cadre pour les aides d’État, assumant une préférence continentale/nationale.
- Sensibilisation de la population et des administrations locales : redéployer l’industrie nécessite de travailler sur l’acceptation sociale des projets industriels dans l’espace public.
La problématique énergétique au cœur du projet
L’accès à l’énergie décarbonée, sécurisée et durable reste une priorité absolue pour toutes les entreprises. Nous appelons à la poursuite de l’électrification, à la neutralité technologique et au renforcement de la norme énergétique visant un abaissement du taux d’accises sur l’électricité pour les entreprises. Le projet fédéral doit donc avoir pour ambition d’apporter de la stabilité à TOUTES les entreprises : sans certitudes, les PME n’investissent pas et ne grandissent pas. Or, nous constatons que les dispositifs de soutien sont avant tous destinés aux grandes structures industrielles électro-intensives et que les PME sont souvent oubliées subissant les fluctuations des marchés de l’énergie avec encore plus de difficultés.
La qualité des réseaux haute et moyenne tension pour l’électrification est aussi centrale. Quel modèle pour garantir un accès à l’énergie à un coût compétitif ? Quels projets d’infrastructure sont prévus ? Ces questions restent pour l’instant sans réponse.
Les PME comme pilier de la réindustrialisation
UCM croit à la place des PME dans la réindustrialisation, a minima pour trois raisons qui nous semblent évidentes :
- Toute grande industrie a un jour été une PME qui a investi, risqué, osé et grandi.
- Le tissu de PME est le premier client des industriels : elles placent, consomment, utilisent les produits et en sont les premiers ambassadeurs.
- Les PME occupent un rôle central dans l’efficience industrielle : elles sont les sous-traitants et les consultants des grandes industries, apportant des compétences spécialisées, agiles et indispensables
C’est pourquoi UCM accueille favorablement l’attention particulière portée à la compétitivité et l’industrie de notre pays et aux investissements nécessaires qui y sont liés afin de soutenir notre économie et PME.
Ce 4 juin, la Commission Economie de la Chambre des représentants organisait un débat sur la « Stratégie économique et la souveraineté industrielle de la Belgique ». Ce fut l’occasion pour UCM, via sa directrice du service d’études Anne-Sophie Snyers, de développer l’ensemble de nos positionnements sur le sujet. Notre approche objectivée et concrète a permis de porter la voix des indépendants et PME et de nouer les contacts indispensables avec nos représentants sur ce sujet économie central. Les travaux s’intensifient au fédéral et UCM y joue pleinement son rôle comme partenaire crédible pour placer nos entreprises au cœur de ce nouvel élan industriel !

L'auteur.e de cet article
- Conseiller Lobby - Chargé des études socio-économiques au Service d'Etudes
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