Depuis plus de vingt ans, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) alimente les débats. Aujourd’hui, alors que son entrée en vigueur se précise, il suscite de vives inquiétudes parmi les indépendants et PME wallons et bruxellois.
Chez UCM, nous défendons une ouverture commerciale équilibrée. Oui, le libre-échange peut être un vecteur d’opportunités pour nos entreprises. Mais non, il ne peut se faire au prix de la fragilisation de secteurs vitaux, comme l’agriculture et l’agroalimentaire.
Des opportunités réelles, mais pas pour tous

L’accord UE-Mercosur ouvre théoriquement les portes d’un marché de 270 millions de consommateurs. Les services numériques, les technologies vertes, l’ingénierie ou certaines niches industrielles bruxelloises et wallonnes pourraient tirer profit de cet accès élargi. Pour ces secteurs compétitifs, c’est une chance de développer de nouveaux débouchés et de renforcer leur rayonnement à l’international.
Mais l’agriculture et l’agroalimentaire se trouvent dans des situations bien différentes. L’arrivée massive de bœuf, de poulet ou de sucre sud-américains, produits à moindre coût et soumis à des normes moins exigeantes, risque de déstabiliser des filières locales déjà fragiles. Les exploitations familiales, piliers de notre alimentation et de notre économie locale, n’ont pas les armes pour affronter une telle concurrence déloyale.
Notre position : non à l’accord en l’état
La position d’UCM est claire : nous soutenons le principe du libre-échange, mais pas à n’importe quel prix. Dans sa version actuelle, l’accord est déséquilibré et inacceptable.
Nous plaidons pour une révision en profondeur :
- Scinder l’accord en deux volets : un pilier « opportunités » pour les secteurs compétitifs, et un pilier « secteurs sensibles » (agriculture, agroalimentaire) assorti de quotas limités, de clauses de sauvegarde rapides et, au besoin, d’exclusions ciblées.
- Renforcer les conditionnalités environnementales et sociales : respect de l’Accord de Paris, lutte contre la déforestation, garanties sociales comparables aux standards européens.
- Accompagner nos PME à l’international : coaching, logistique, appui juridique et fiscal. Sans ce soutien, seules les grandes entreprises profiteront de l’accord.

Circuits courts et économie circulaire : la réponse durable
Au-delà des mécanismes défensifs, il est urgent de donner à nos agriculteurs les moyens positifs de rebondir. Une piste potentielle ? Miser sur les circuits courts et l’économie circulaire.
Ces modèles offrent une triple promesse :
- Des débouchés sécurisés et mieux valorisés, indépendants des fluctuations mondiales.
- Un ancrage territorial fort, créateur d’emplois et de résilience économique.
- Une transition écologique réelle, en réduisant l’empreinte carbone et en valorisant les sous-produits agricoles.
Concrètement, cela passe par :
- Le développement d’infrastructures locales ;
- L’intégration de produits locaux dans les marchés publics, par exemple dans les cantines scolaires et hôpitaux ;
- La création de plateformes numériques régionales et de bons de consommation locaux pour encourager l’achat direct aux producteurs ;
- La valorisation des déchets agricoles en énergie, fertilisants ou matériaux biosourcés.

Ce que nous demandons
UCM appelle les pouvoirs publics fédéraux et régionaux à intégrer et développer explicitement les circuits courts et l’économie circulaire comme mesures compensatoires à l’accord Mercosur. Nous plaidons pour un soutien fiscal et logistique adapté, pour la création d’incubateurs et de fonds régionaux de circularité, et pour un observatoire qui recense et diffuse les bonnes pratiques.
Notre message est simple : le libre-échange ne doit pas être une menace. Il peut devenir une opportunité, à condition d’être conçu avec discernement et de s’accompagner de politiques locales ambitieuses.
Conclusion : choisir l’équilibre
Dire non à l’accord UE-Mercosur en l’état, ce n’est pas dire non au commerce international. C’est exiger un cadre juste, équilibré et respectueux de toutes les composantes de notre économie. C’est protéger nos agriculteurs, tout en donnant à nos PME industrielles, technologiques et de services les moyens de conquérir de nouveaux marchés.
Et surtout, c’est miser sur une agriculture résiliente, innovante et ancrée dans nos territoires, capable de transformer une menace en opportunité durable.
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