Grèves à répétition : danger pour les PME

Foule lors d’une manifestation en ville, grève intersectorielle nationale

Un préavis de grève illimitée dans le commerce a été déposé le 4 août dernier. Le 24 septembre, on annonce une manifestation syndicale qui concernera toute la Wallonie. Et, le 14 octobre prochain, une grève intersectorielle nationale de grande ampleur.

Ces mouvements, présentés comme une défense des droits des travailleurs, sont une double peine pour nos PME : ils fragilisent les entrepreneurs et ne résolvent en rien les difficultés des salariés. La grève est un droit. Mais ce droit ne saurait être isolé, sourd et aveugle.

Quand la grève pénalise les plus fragiles

Chaque jour de grève représente des pertes sèches pour les commerces indépendants et les petites entreprises. Contrairement aux grands groupes, les PME n’ont pas de trésorerie confortable pour encaisser ces chocs. Moins de chiffre d’affaires, c’est moins d’investissements, moins de marge pour revaloriser les salaires, parfois même des licenciements ou des fermetures.

On l’oublie trop souvent : derrière chaque PME, il y a des hommes et des femmes qui prennent des risques pour créer de l’activité et maintenir des emplois. Une grève dans le commerce ou une grève intersectorielle touche ces entrepreneurs de plein fouet, au moment même où ils luttent déjà contre l’inflation, la concurrence du e-commerce et les marges toujours plus serrées.

Le paradoxe social

Nous entendons les demandes des travailleurs pour des emplois stables, rémunérateurs et porteurs de perspectives. Ce sont des aspirations légitimes. Mais la grève, surtout quand elle s’annonce illimitée ou intersectorielle, ne crée ni pouvoir d’achat ni sécurité de l’emploi. Elle accentue au contraire la précarité des PME, qui sont pourtant les premiers employeurs du pays.

Le paradoxe est cruel : plus on bloque les entreprises, plus on réduit leur capacité à améliorer les conditions de travail. Au final, ce sont les salariés eux-mêmes qui en subissent les conséquences, car l’entreprise affaiblie n’a plus les moyens de répondre à leurs attentes.

Le dialogue social plutôt que l’épreuve de force

C’est dans le dialogue social que des solutions équilibrées peuvent être trouvées. Employeurs et travailleurs doivent pouvoir dégager des compromis en dehors de toute pression de l’un ou de l’autre camp. C’est uniquement de cette manière que nous pourrons adapter le marché du travail aux défis qui s’imposent à nous : transformation numérique, transition écologique, vieillissement de la population.

Ces défis n’attendront pas. Ils nécessitent de l’agilité, de l’innovation et de la concertation. Or, la grève ne favorise ni la concertation, ni l’innovation. Elle fige les positions et abîme la confiance.

UCM appelle donc à un dialogue apaisé avec les organisations syndicales. Sans invectives ou procès d’intentions. Que ce soit au niveau du groupe des 10 ou au niveau des commissions paritaires qui entrent en période de négociation sectorielle. UCM a toujours estimé qu’il était important de respecter le droit de grève. Mais la manière dont il est exercé doit être repensée pour que les travailleurs ne scient pas la branche sur laquelle ils sont assis.

Un effet pervers sur la consommation

Au-delà de l’impact direct sur les PME, chaque mouvement de grève a aussi un effet indirect : il accélère le report de la consommation vers les grandes enseignes internationales et surtout vers les plateformes en ligne, qui ne connaissent ni arrêts, ni blocages. Résultat : moins de clients pour les PME locales, donc moins de travail pour leurs salariés, et un tissu économique de proximité encore plus fragilisé.

À force de se tirer une balle dans le pied, nous risquons de voir disparaître les commerces et les petites entreprises qui font vivre nos villes et nos quartiers.

Défendre l’entrepreneuriat, c’est défendre l’emploi

Il est temps de le dire clairement : défendre l’entrepreneuriat, c’est défendre l’emploi. Les grèves à répétition ne construisent pas de solutions ; elles détruisent ce que nous avons de plus précieux : la vitalité de nos PME et l’avenir de leurs salariés.

Dans le tumulte des débats sociaux et des mouvements de contestation, une réalité essentielle semble trop souvent reléguée au second plan : la nécessité d’offrir aux petites et moyennes entreprises la marge de manœuvre qui leur permettra de s’adapter aux défis d’aujourd’hui.

Ces entreprises sont au cœur de nos villes, de nos quartiers, et surtout de notre tissu économique. Elles doivent être soutenues, non fragilisées. Parce qu’à travers elles, c’est l’emploi, la cohésion sociale et la prospérité de demain que nous défendons.

Matthieu DEWEVRE

Matthieu DEWEVRE

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