Union européenne et Mercosur : un projet d’accord tourmenté

20 ans de négociation, une signature de principe, et pourtant … Les voix critiques s’élèvent de toutes parts.

Le Mercosur, c’est une zone de libre-échange entre l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Mais c’est aussi le 3e bloc économique mondial, derrière l’Union européenne et le CUSMA (accord Canada-USA-Mexique).

L’accord entre l’Union européenne et le Mercosur comporte un volet politique, un volet de coopération et un volet commercial. Et c’est ce dernier qui nous intéresse aujourd’hui.

Ce qui est prévu

Ces pays latino-américains s’ouvrent à l’industrie européenne (automobile, produits chimiques et pharmaceutiques, textiles, marchés publics, …), en échange de quoi ils peuvent exporter des quantités de produits en Europe sans droits de douane ou à tarifs préférentiels. Sont concernés : la viande bovine (99.000 tonnes), la volaille (100.000 tonnes), le porc (25.000 tonnes), le sucre (180.000 tonnes) les produits de la pêche, certains fruits, l’huile d’olive et le riz, le miel et les produits laitiers, ainsi que l’éthanol. C’est ce qu’on appelle les « contingents tarifaires d’importations ».

Ce qui pose problème

Les risques sanitaires, les atteintes aux droits des peuples, l’absence de mécanismes de contrôles effectifs des aspects sociaux et environnementaux, et l’importance des quantités d’importations prévues vers l’Union européenne sont autant de pierres d’achoppement.

L’Irlande, la France, le Luxembourg, l’Autriche et les Pays-Bas ont marqué leur désapprobation. En Belgique, la Région wallonne et celle de Bruxelles-Capitale ont fait de même.

Ce qu’en pense UCM

Le marché du Mercosur est une porte ouverte pour certaines de nos entreprises exportatrices et UCM adhère aux objectifs de la Commission européenne : faciliter les relations commerciales et le dialogue politique.

Les aspects positifs :

  • Ouverture et transparence des marchés publics aux entreprises européennes.
  • Accroissement des exportations européennes et protections géographiques pour les marchandises agroalimentaires (contre les imitations).
  • Coopération et dialogue politique renforcés.

Cependant, plusieurs points de l’accord mettent en danger l’intérêt des agriculteurs et du secteur agroalimentaire belges.

Les aspects qui posent question :

  • Au niveau environnemental. Le commerce peut être un levier pour favoriser le développement durable, mais à certaines conditions. Et celles-ci ne se retrouvent pas dans le projet d’accord : le respect des critères environnementaux et sociaux par les pays du Mercosur n’est assorti d’aucun mécanisme de sanction.

De plus, l’importation d’une telle quantité de viande bovine, alors que l’auto-approvisionnement est largement suffisant, accroîtra les transports et aura un impact climatique négatif. C’est un non-sens.

  • Au niveau économique. Le secteur de la transformation alimentaire est un pilier incontournable de l’industrie belge (19,5 % du chiffre d’affaires industriel) et compte 97 % PME.

Sa compétitivité est pourtant déjà sous pression avec un fort handicap salarial (une heure de travail coûte 1/5 de plus en Belgique que chez nos voisins) et une faible marge opérationnelle.

Or, « un accroissement de l’offre peut entraîner des réductions plus que proportionnelles des prix à la production » : dans un marché déjà saturé, c’est la survie de nombre de nos PME qui est en jeu !

Il faut revoir les quotas d’importations à la baisse.

  • Au niveau sanitaire. Il existe une importante différence entre nos modèles agricoles respectifs et les normes sanitaires qui sont d’application. Et pourtant … seules des mesures de précaution sont prévues.

Il faut des contrôles effectifs de la qualité des produits entrants : pour éviter une concurrence déloyale et protéger la santé des consommateurs.

« Pour un commerce libre mais juste »

Nous ne voulons pas d’un protectionnisme ni d’un retour en arrière. La relocalisation d’une partie de la production (conséquence de la crise Covid) ne doit pas être synonyme de démondialisation.

Nous soutenons les volets politique et de coopération mais le volet commercial doit être revu : pour des échanges plus équitables, respectant les intérêts des PME, ceux des consommateurs et les engagements environnementaux.

UCM invite notamment le Gouvernement wallon à s’inscrire dans la droite ligne de sa récente stratégie de politique internationale, qui fait part de préoccupations similaires aux nôtres.

La consultation sur la politique commerciale européenne a aussi été l’occasion de porter ces revendications, et nous continuerons sur cette lancée.

Benjamin LUCAS

Benjamin LUCAS

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