La Wallonie va donner 2€ par heure de formation à ses demandeurs d’emploi. En plus du chômage. Pour UCM, c’est la bonne voie. Mais une refonte plus globale du système est nécessaire.
La Wallonie emboite ainsi le pas à Bruxelles et augmente substantiellement le montant dont pourra bénéficier un demandeur d’emploi en formation. Il passera ainsi à 2€ par heure en 2023. Soit un « revenu de formation » jusqu’à 330€/mois pour une formation à temps plein. En parallèle, depuis cet automne, les avantages financiers octroyés pendant la formation (indemnité, rétribution de stage, etc.) peuvent être intégralement cumulés avec l’allocation de chômage. De quoi, parfois, empocher de jolies sommes !
Si ces mesures (et d’autres) restent discrètes lorsqu’elles sont prises une à une, elles ne doivent pas cacher un constat : notre assurance chômage évolue. Et cela doit continuer, à condition d’assumer et de communiquer pleinement sur le nouveau système dans lequel nous entrons peu à peu.
Règles du jeu de l’assurance chômage : il y a la théorie…
Notre système d’assurance chômage est illimité dans le temps, sauf sanction. Une particularité mondialement connue. Ceux qui sortent du système peuvent encore s’adresser au CPAS de leur commune.
Toutefois, le montant des allocations diminue, lui aussi, dans le temps. La différence avec un vrai salaire est censée se faire de plus en plus sentir. In fine, une personne au chômage depuis plusieurs années touche une allocation similaire à un allocataire du CPAS (en fonction de sa situation (chef de ménage, cohabitant, isolé)).
… et puis, il y a la pratique !
Mais dans les faits, le chômeur ne verra pas forcément le montant versé chaque mois sur son compte en banque diminuer. Conséquence d’une myriade de règles, c’est même parfois le contraire. Citons particulièrement :
- L’indexation : suite aux dépassements successifs de l’indice-pivot, l’allocation de chômage sera, au total, cinq fois augmentée de 2% rien qu’en 2022 ;
- Les enveloppes « bien-être » : en marge des négociations salariales interprofessionnelles, les allocataires ont, eux aussi, droit à un petit bonus tous les 2 ans. Entre 2% et 4%, en moyenne, lors des derniers exercices ;
- « Gel » de la diminution du chômage : différentes situations permettent d’arrêter temporairement la diminution du chômage dans le temps (formation, maternité, etc.). Le système a même été totalement suspendu pendant plus de 18 mois durant le covid !
Tout cela a récemment fait dire à l’ONEM que notre « système de dégressivité dans le temps était finalement peu effectif au regard des objectifs initialement fixés ». C’est peu dire.
Notre chômage a besoin d‘un dépoussiérage
Depuis quelques temps déjà, UCM soutient le principe d’une allocation de chômage duale comprenant un montant d’allocation de base complété d’une partie variable.
En bref, on donne plus et plus longtemps, mais uniquement à ceux qui s’activent. C’est dans ce cadre que nous soutenons les primes et revenus complémentaires octroyés aux demandeurs d’emploi en formation. Nous demandons également des règles de gel de la dégressivité du chômage plus claires. La complexité nuit à la fois à la compréhension ET à l’attractivité du système.
En parallèle, le politique et les partenaires sociaux ne pourront pas faire éternellement l’économie d’une réflexion globale quant à notre niveau d’indemnisation de base au chômage. La pratique actuelle rend-elle vraiment le système suffisamment attractif pour revenir dans le circuit du travail ? Un rééquilibrage s’avère certainement nécessaire.
Au-delà de la prise en compte des seuils de pauvreté, les avantages octroyés (crèches, primes diverses en fonction des revenus, etc.), les tarifs préférentiels (en particulier le tarif social énergie), les effets de vases communicants (de chômeur à malade de longue durée), et sans oublier notre système fiscal dissuasif sur le travail, devront faire partie intégrante de l’équation.
L’enjeu n’est rien de moins que de redorer l’image et la valeur du travail dans notre société.
L'auteur.e de cet article
- David PISCICELLI
- Conseiller au service d'études et spécialisé dans les matières sociales (emploi, formation et droit du travail), je défends les intérêts des entrepreneurs et PME dans ces domaines.
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