L’arrivée de nouvelles entreprises au sein d’une économie est fondamentale. Les nouvelles entreprises dynamisent le marché en introduisant de nouveaux produits, services et modes de production. Elles génèrent ainsi de la valeur et accroissent l’innovation et la productivité. De plus elles contribuent à la réallocation des ressources vers de nouvelles activités et à la création de l’emploi, à la fois pour le propriétaire de l’entreprise et pour les travailleurs salariés qu’il embauche. Un monitoring régulier de l’entrée de nouvelles entreprises et de leurs caractéristiques est nécessaire pour comprendre l’évolution du paysage entrepreneurial du territoire concerné.
Chaque année, UCM, UNIZO et GraydonCreditSafe publient l’Atlas du créateur, un rapport qui examine les tendances en termes d’effectifs des entreprises créées, de densité entrepreneuriale, de formes juridiques, de secteurs d’activité, de survie à 5 ans et d’engagement des travailleurs salariés, pour le secteur privé. Cet article synthétise les évolutions observées en 2022.
Evolution des effectifs des entreprises créées
La création d’entreprises a diminué de 3,49% en 2022 par rapport à 2021, après une augmentation vertigineuse de 12,2% en 2021. En comparaison avec 2019, on observe une croissance de 9,0%, soit environ 3% par an sur les 3 dernières années. Les régions montrent des écarts notables, avec une stabilisation à Bruxelles (-0,4%), tandis que la Wallonie et la Flandre enregistrent des reculs de 2,6% et 3,6% respectivement.
En Wallonie, la création d’entreprises est en baisse dans toutes les provinces, à l’exception de Liège (+0,2%) qui parvient à maintenir le même niveau que l’année dernière. Dans les provinces de Luxembourg (-5,78%) et du Hainaut (-3,95%), les reculs sont supérieurs à la moyenne nationale. Namur (-3,2%) et Brabant (-2,2%) Wallon sont juste en-dessous.
Densité entrepreneuriale
La densité entrepreneuriale permet de mettre en rapport la création d’entreprises à la population au sein d’une région et/ou d’un territoire. Plus on a de créations par habitant, plus le territoire concerné est considéré comme dynamique sur le plan entrepreneurial. Elle recule légèrement en Belgique, avec 10,0 starters pour 1000 habitants contre 10,4 en 2021. De même, en Wallonie, la densité entrepreneuriale recule à 7,1 pour 1000 habitants en 2022, par rapport aux 7,3 créations pour 1.000 habitants observés en 2021. La densité entrepreneuriale reste stable à 9,8 starters pour 1.000 habitants à Bruxelles.
Secteurs d’activité et formes juridiques
Selon les données présentées, les services et les professions libérales sont les secteurs les plus actifs dans la création d’entreprises, et représentant respectivement 39,7% et 16,2% des nouvelles entreprises. Viennent ensuite les professions libérales (16,2%) où les professions médicales sont les plus nombreuses avec près de deux créations sur trois dans ce groupe sectoriel. Les bureaux de conseil, les activités de revalidation ambulatoire et la construction constituent le top 3 des secteurs d’activité des créateurs.
En dehors de l’Horeca (9,17%) et des services (+2,44%), tous les groupes sectoriels enregistrent des baisses : les reculs les plus importants sont enregistrés dans le Commerce de gros (-29,35%), le Commerce de détail (-23,89%), l’industrie (-15,37%), la construction (-8,60%), le transport (-3,11%) et les professions libérales (-1,40%)
Les entreprises en personne physique ont diminué de 5,7% en 2022, tandis que la SRL a augmenté de 1,54%. La SRL demeure la forme juridique la plus répandue, représentant 34,53% des nouvelles entreprises.
Survie à 5 ans : Retour à la situation d’avant Covid19.
Le taux de survie des entreprises à 5 ans stagne, avec des taux similaires à ceux observés avant la crise du Covid-19. 67,05% des entreprises créées en 2018 sont toujours actives en 2023. Il n’y a donc pas eu d’amélioration de la qualité de l’entrepreneuriat en Belgique.
Le taux de survie à 5 ans est plus élevé à Bruxelles (6,1%) et en Flandre (66,1%) qu’en Wallonie (65,5%). Les secteurs avec les taux de survie les plus élevés sont le commerce de gros, l’industrie et la construction. Les taux de survie des entreprises à 5 ans sont donc stables, avec des différences régionales et sectorielles. En revanche, avec 61,5%, 60,9% et 57,0%, le transport, l’Horeca et le Commerce de détail sont les secteurs avec les pires taux de survie à 5 ans, respectivement. La suppression des accès à la profession pourrait réduire la qualité des entreprises créées et augmenter les arrêts d’activités lors des premières années post-création.
La combinaison d’une proportion d’entreprises qui survivent à leurs cinq premières années et la chute des nouvelles créations dans le Commerce de détail est préoccupante. Il est temps de penser à un plan volontariste et ambitieux pour booster ce secteur et de stopper cette spirale négative.
Engagement des travailleurs salariés dans l’année de création
L’engagement des travailleurs salariés lors de la première année d’activité continue de baisser. 7,1% des entreprises ayant débuté une activité en 2022 ont engagé du personnel la même année. Les entrepreneurs wallons (8,1%) et bruxellois (6,6%) engagent plus de personnel que les flamands (5,8%). La proportion d’entreprises engagées est en baisse par rapport à il y a 5 ans. En effet, ces dernières étaient de 14,12% en Wallonie, 15,4% à Bruxelles et 12,7% en Flandre en 2017. Cette évolution reflète une transformation qui s’opère sur le marché du travail, où l’on observe un accroissement exponentiel de freelancers. En effet, selon le dernier rapport UCM-UNIZO-GraydonCreditsafe, l’effectif des freelancers a bondi de +26,8% entre 2018 et 2022.
En conclusion, la Belgique semble donc connaître un retour à la normale en ce qui concerne la création et la survie des entreprises, avec des tendances régionales et sectorielles contrastées. Pour favoriser l’entrepreneuriat en Belgique, il est essentiel de poursuivre l’amélioration du statut social des travailleurs indépendants et de mettre en place des mesures pour encourager l’innovation et la création d’entreprises.
Pour UCM, il faut notamment :
- Améliorer le statut social des travailleurs indépendants : Il est important d’améliorer les cotisations, le droit passerelle et les pensions pour les travailleurs indépendants, en vue de leur offrir une meilleure protection sociale ;
- Promouvoir le bien-être des dirigeants d’entreprises : Intégrer un volet sur le bien-être des dirigeants d’entreprises dans le dispositif de sécurité sociale des travailleurs indépendants pourrait contribuer à une plus grande reconnaissance sociale de l’indépendant.
- Sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat : Encourager l’esprit d’entreprendre dès le primaire, en intégrant des compétences entrepreneuriales dans les cursus scolaires et en formant les élèves aux métiers de l’ingénierie et aux techniques entrepreneuriales ;
- Maintenir les réductions de cotisations sur le premier engagement : Poursuivre les réductions de cotisations pour les entreprises qui embauchent pour la première fois ;
- Réévaluer le mécanisme d’indexation des salaires : Remettre en question la procédure et la fréquence du mécanisme d’indexation des salaires pour garantir une meilleure adéquation avec le contexte économique.
L'auteur.e de cet article
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Charlie Wesley TCHINDA TAMETSA
Statisticien – Coordinateur des Etudes
UCM National - Service d'Etudes
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