Gouvernement Arizona : manque d’ambition sur le volet environnemental, selon UCM

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Bonne nouvelle en terme de stabilité : le nouvel accord de gouvernement affirme son engagement en faveur des objectifs climatiques européens en inscrivant la neutralité carbone d’ici 2050 et une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990. Si UCM se félicite de cette intégration explicite de dernière minute, qui n’apparaissait pas dans les versions antérieures du texte, elle exprime néanmoins des réserves quant à l’absence d’une feuille de route détaillée pour les PME et de moyens concrets pour atteindre ces objectifs.

Des objectifs ambitieux, mais une vision stratégique lacunaire

En effet, la transition environnementale constitue un enjeu fondamental pour la compétitivité et la résilience des PME belges. Or, les mesures annoncées demeurent insuffisamment chiffrées et ne garantissent absolument pas une transformation efficace à l’horizon de la législature en cours. Cette lacune risque d’exposer les entreprises à des vulnérabilités économiques accrues, notamment dans un contexte géopolitique marqué par des tensions énergétiques croissantes. La transition écologique ne saurait être perçue comme une contrainte, mais bien comme un levier de compétitivité et de durabilité pour les PME.

Des avancées notables en matière fiscale et énergétique

L’accord de gouvernement articule ses ambitions climatiques autour de trois axes principaux : la décarbonation de l’énergie, la fiscalité et le soutien aux entreprises à travers des incitants à l’investissement durable.

Parmi les mesures positives, on note :

  • Le maintien et le potentiel élargissement des déductions fiscales pour les investissements durables des entreprises.
  • L’abaissement du taux de TVA sur l’installation de pompes à chaleur (21 % à 6 %) et l’augmentation de celui des chaudières à combustibles fossiles (6 % à 21 %)
  • La suppression des taux réduits de TVA pour les produits considérés comme non écologiques et l’encouragement des alternatives durables.
  • L’engagement à examiner et à réduire progressivement les subventions aux combustibles fossiles, avec la mise en place de mesures d’accompagnement pour les entreprises concernées.
  • L’application d’un signal prix favorable à l’électricité et aux combustibles neutres en carbone, ainsi qu’une diminution du taux d’accises sur l’électricité au minimum européen.
  • La mise en œuvre d’un “tax shift” sans augmentation de la facture moyenne pour les entreprises et les ménages.
  • L’alignement du cadre réglementaire avec les principes du Green Deal, notamment par l’interdiction de l’obsolescence programmée et la promotion de produits durables et réparables.

Des lacunes préoccupantes qui freinent la transition des PME

Si ces avancées traduisent une volonté politique affichée en matière de transition écologique, plusieurs insuffisances majeures sont à souligner. UCM identifie plusieurs points critiques :

Un manque de planification concrète :

L’accord ne détaille pas les mécanismes opérationnels permettant d’atteindre les objectifs climatiques fixés. Cette absence de trajectoire claire et chiffrée met en péril la capacité des PME à anticiper et à intégrer les transformations nécessaires.

Une absence totale de stratégie pour la réduction structurelle de la demande énergétique :

Une politique ambitieuse de rénovation énergétique et de sortie accélérée des énergies fossiles fait défaut.

Aucun plan pour augmenter rapidement la production d’énergie renouvelable :

La Belgique doit concentrer les efforts budgétaires de la législature au déploiement rapide des énergies renouvelables décarbonées assorties de capacités de stockage. Les PME ont besoin d’énergie aujourd’hui et n’ont pas le luxe d’attendre des dizaines d’années avant la construction de nouvelles centrales nucléaires.

Un soutien insuffisant à la mobilité durable :

Alors que les embouteillages représentent un coût considérable pour l’économie, les mesures fédérales en faveur d’une mobilité plus efficiente à articuler avec les régions restent marginales.

Un désalignement des outils financiers publics et privés :

L’accord ne prévoit pas de mécanisme clair pour orienter les investissements vers la transition écologique, ce qui ralentit l’adoption de technologies et infrastructures adaptées.

Une gouvernance peu claire :

D’une part les compétences liées à la transition sont dispersées entre plusieurs portefeuilles ministériels et d’autre part, le ministre en charge du Climat ne fait pas partie du Kern pour y porter ces politiques indispensables aux indépendants et PME.

UCM regrette enfin l’absence de plusieurs axes stratégiques essentiels, tels que le soutien à l’éco-conception, l’économie de la fonctionnalité, l’harmonisation des normes PEB ou encore le renforcement des politiques pour les métiers en pénurie liés à la transition écologique.

Une ambition à renforcer pour une transition réussie des PME

Alors que la première échéance de réduction des émissions est attendue pour 2030, c’est-à-dire à la fin de la législature, l’accord gouvernemental, en l’état, ne permet donc pas de répondre aux défis systémiques auxquels font face les PME belges.

La transition environnementale représente bien plus qu’un impératif réglementaire : elle constitue une véritable opportunité économique pour les PME. En devenant des acteurs proactifs du changement, elles peuvent non seulement répondre aux enjeux climatiques, mais aussi renforcer leur compétitivité sur un marché global de plus en plus exigeant.

Avec 63 % des émissions de CO2 belges attribuées aux PME, leur implication dans la transition écologique est essentielle. Toutefois, selon le SPF économie seulement 15,8 % d’entre elles ont adopté une stratégie climatique structurée, un retard préoccupant. Ce pourcentage est bien inférieur à la moyenne européenne (19,6 %) et particulièrement faible par rapport à nos voisins, où environ un quart des entreprises ont déjà mis en place une telle stratégie.

Il est évident que le gouvernement fédéral nouvellement élu ne pourra y arriver seul et devra travailler main dans la main avec les gouvernements régionaux afin d’atteindre ces objectifs climatiques partagés. Ensemble, ils devront intégrer cette réalité dans leur action politique et offrir aux PME les leviers nécessaires pour rattraper leur retard et mener à bien cette transformation essentielle à leur prospérité et à celle de l’économie belge.

Antoine BERTRAND

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