Les négociations sectorielles ont démarré. UCM s’y engage avec sérieux et conviction. Quelques enjeux clés méritent d’être soulignés.
Réévaluer les commissions paritaires
Tous les deux ans, c’est un rendez-vous incontournable et qui rythme la vie sociale en Belgique : les commissions paritaires et sous-commissions paritaires du pays se réunissent pour définir la politique sociale applicable dans leurs secteurs respectifs. Ce processus, parfois technique, a pourtant un impact direct sur des centaines de milliers de travailleurs et sur la compétitivité de dizaines de milliers d’entreprises, en particulier les PME.
La démarche est toujours la même : les organisations syndicales déposent un cahier de revendications qui sert de point de départ aux discussions. Les employeurs examinent ensuite ces demandes dans un dialogue qui se veut discret et apaisé, car c’est là que se négocient les conditions de travail et de rémunération de demain.
La CP200, la plus grande commission paritaire du pays
Parmi toutes ces instances, la Commission paritaire 200 occupe une place centrale. Elle est la commission résiduaire des employés, couvrant plus de 600.000 travailleurs et 50.000 entreprises, dont 80% sont des PME : impossible, dès lors, pour UCM de faire l’impasse sur les enjeux qui y sont débattus.
Or, depuis quelques jours, les organisations patronales ont reçu le cahier de revendications des syndicats en CP200. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est particulièrement fourni.

Des revendications nombreuses et parfois « limite »
Les syndicats ont choisi d’élargir le spectre de leurs demandes, dans un contexte social marqué par la contestation de la politique du gouvernement fédéral actuel. On sait en effet que les organisations syndicales entendent manifester leur désaccord par tous les moyens possibles, avec notamment une grève interprofessionnelle prévue le 14 octobre.
Dans ce climat tendu, les revendications déposées en commission paritaire apparaissent plus nombreuses et plus ambitieuses qu’à l’accoutumée. Certaines portent directement sur le pouvoir d’achat : elles visent, concrètement, à obtenir des améliorations salariales substantielles.
Problème : la loi sur la norme salariale fixe un cadre strict. Un arrêté royal récent le confirme, la marge de négociation est fixée à 0 % d’augmentation des coûts salariaux. Autrement dit, les entreprises ne peuvent légalement pas supporter de charges supplémentaires à ce titre. Ce n’est pas une question de volonté patronale, mais bien de respect de la législation.

Règler les problèmes, pas en ajouter
Au-delà de la question salariale, d’autres revendications interpellent car elles dépassent le champ de compétence des commissions paritaires. Ainsi, certains syndicats souhaitent rouvrir des débats sur la réforme du jour de fermeture obligatoire des commerces. Or, il s’agit là d’un dossier de réglementation économique et non de droit social.
Les commissions paritaires n’ont pas pour mission de traiter ce type de sujet : ces discussions se tiennent ailleurs, notamment au sein du Conseil central de l’économie, où les organisations patronales comme UCM ont déjà eu l’occasion de défendre leur position face aux organisations syndicales (d’ailleurs les même que dans les commissions paritaires !)
Garder le cap : dialogue dans le respect du cadre légal

Il est donc essentiel de rappeler les règles du jeu. Les négociations paritaires sont un outil précieux du modèle social belge, mais elles doivent se dérouler dans le respect du périmètre légal et institutionnel. L’élargissement excessif des cahiers de revendications risque d’alourdir inutilement les débats et de créer des tensions, au moment même où les PME ont besoin de clarté et de stabilité pour faire face à leurs propres défis.
Pour les employeurs, l’enjeu n’est pas de bloquer le dialogue, mais de rappeler que celui-ci ne peut s’écarter ni de la Loi ni des missions propres aux commissions paritaires. Le rôle des partenaires sociaux est d’aboutir à des accords réalistes, applicables et équilibrés, dans l’intérêt des travailleurs comme des entreprises.
Un moment clé pour l’avenir social des entreprises
Les discussions qui s’ouvrent dans les commissions paritaires ne doivent pas être vues comme un simple exercice technique : elles déterminent le futur cadre de travail de centaines de milliers de salariés et la compétitivité de dizaines de milliers de PME.
C’est pourquoi il est crucial de s’y engager avec sérieux, mais aussi avec la lucidité que commande le respect du cadre légal. Dans les prochaines semaines (voire mois), la manière dont se dérouleront ces négociations enverra un signal fort : celui d’un dialogue social capable de relever les défis, ou au contraire d’un affrontement stérile qui fragiliserait encore un peu plus notre tissu économique.
