Booster les aides régionales à l’emploi, c’est possible

Les affaires reprennent peu à peu, mais les perspectives d’emploi dans les PME sont inquiétantes. Stabiliser les embauches est urgent. Pour UCM, cela peut et doit se faire en augmentant temporairement les aides régionales existantes.

La pandémie mondiale a conduit le monde politique à prendre des mesures légitimes mais d’une violence sans précédent vis-à-vis des entreprises, en particulier au sein de certains secteurs composés majoritairement de très petites structures. Aujourd’hui, le marché du travail est à un tournant

Le chômage temporaire « coronavirus » reste la mesure phare. Elle a permis une anesthésie des charges relatives à l’emploi, avec des jobs qui sont restés en place, mais qui sont devenus fragiles. De nombreux employeurs sont en difficulté de trésorerie, et dans une grande incertitude vis-à-vis des mois à venir. Ils font actuellement leurs comptes, et jaugent inévitablement leurs coûts de personnel.

Le dernier baromètre UCM pointe que 44 % des entrepreneurs envisagent de réduire le nombre de travailleurs au sein de leur entreprise. C’est un signal d’alarme pour l’emploi !

Le redémarrage de l’économie doit donc s’accompagner de mesures de soutien. Fortes, quitte à être temporaires.

Sauver des emplois, oui, mais comment ?

Nous avons demandé aux employeurs francophones quelles sont les mesures concrètes pouvant les aider à maintenir leurs salariés en place durant cette période difficile. En plus des différents mécanismes fédéraux (maintien du chômage temporaire « corona », alléger les coûts et procédures des préavis, …), une mesure régionale est largement ressortie des réponses comme pouvant être salutaire : augmenter temporairement les montants des aides à l’emploi qu’ils perçoivent.

Quand on parle d’aides régionales à l’emploi, on vise par exemple le plan Activa à Bruxelles, ou les aides Impulsion et SESAM en Wallonie. Les jobs concernés par ces mesures sont justement ceux de publics-cibles précaires sur le marché du travail (jeunes, travailleurs plus âgés, personnes peu qualifiées), ou d’employeurs qui embauchent leurs premiers salariés.

Pouvoir dire à un commerçant, restaurateur, entrepreneur ou artisan qu’il pourrait compter, dans les mois à venir, sur un support financier complémentaire de plusieurs centaines d’euros pour employer son travailleur, cela peut faire la différence.

Les Régions wallonne et bruxelloise, via ces aides, ont des cartes importantes en main pour répondre à la situation de crise que connaissent bon nombre de employeurs, patron de TPE/PME. Le Gouvernement de la Communauté germanophone vient pour sa part de prévoir le doublement (!) des montants de ses aides à l’emploi « AktiF » lancées entre le 1er juillet et le 31 décembre 2020.

Impayable ? Non !

Que du contraire! Augmenter temporairement les montants des aides à l’emploi devrait être budgétairement tout à fait possible pour la Région wallonne et la Région bruxelloise, y compris en cette période d’incertitude.

Au Forem et chez Actiris, des aides à l’emploi pour les entreprises du secteur marchand et non marchand ont été prévues et budgétées pour une année 2020 très active économiquement. Hors APE et ACS, on approche les 500 à 600 millions d’euros.

Avec l’arrivée de la crise sanitaire et l’arrêt net d’une partie de l’économie à partir de mars, suivi d’une lente reprise, une partie de l’argent budgété n’a pas été et ne sera pas dépensé. On parle à minima de plusieurs dizaines de millions d’euros, qui pourraient être utilisés pour booster temporairement les aides existantes jusqu’en décembre, et stabiliser les emplois qui en dépendent.

Les Gouvernements wallon et bruxellois ont des marges financières pour booster les aides à l’emploi dans les petites entreprises, à l’insar de ce qui a été fait en Communeauté germanophone. Il s’agit d’une mesure concrète, mobilisable en un rien de temps et demandée par les membres UCM pour sauvegarder des emplois dans les mois à venir. La seule question qu’il reste pour nous, c’est finalement celle-ci : qu’est-ce qu’on attend ?

L'auteur.e de cet article

David PISCICELLI
Conseiller au service d'études et spécialisé dans les matières sociales (emploi, formation et droit du travail), je défends les intérêts des entrepreneurs et PME dans ces domaines.
David PISCICELLI

David PISCICELLI

Conseiller au service d'études et spécialisé dans les matières sociales (emploi, formation et droit du travail), je défends les intérêts des entrepreneurs et PME dans ces domaines.

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