Les indépendant.e.s ne trouvent plus le sommeil

Les premiers résultats de l’enquête « bien-être », menée auprès des indépendants et des patrons de PME, parlent d’eux-mêmes. Peu de sommeil, trop de stress et un contexte très incertain. UCM tire, une fois encore, la sonnette d’alarme.

Oui, la situation diffère d’un secteur à l’autre et d’un indépendant à l’autre. Oui, tout n’est sans doute pas si sombre partout. Mais, et nous ne pouvons pas l’ignorer, les résultats de l’enquête menée en novembre 2022 par UCM et le CESI décrivent une situation alarmante du moral et de la santé mentale des indépendants.

L’enquête a été lancée le 27 octobre par notre Service d’Études dans le cadre du projet-pilote « Icarius – J’entreprends mon bien être ». Une étude complète sur la base de ces résultats est attendue pour janvier 2023. Cependant, les résultats bruts énoncés ici sont déjà de précieux indicateurs de la détresse mentale des indépendants (879 réponses pour une marge d’erreur inférieure à 4%).

Des horaires de fou et un stress trop élevé

Les charges qui pèsent sur les indépendants sont impressionnantes :

Aujourd'hui, 56,32% des indépendants indiquent travailler plus de 50 heures par semaine ;
28,6% des indépendants travaillent plus de 60 heures par semaine ;
59,90% des indépendants ont des journées très stressantes (26,82% déplorent un niveau de stress "extrême") ;
55,84% des indépendants se sentent isolés dans leur activité (29,74% se sentent très isolés).

On constate également que 55,02% des répondants rencontrent des difficultés pour concilier vie professionnelle et vie familiale. Ce manque d’équilibre constitue une source de stress supplémentaire.

Ces chiffres sont impressionnants (et inquiétants), mais les indépendants font face à ce stress et à ce surinvestissement en restant positifs, endurants et en étant certains de pouvoir maîtriser leur destin.

Un optimisme limité dans un contexte incertain

Pour l’instant, les indépendants disent encore tenir le coup :

Cependant,le niveau d’optimisme est fort pour 43,25% des indépendants, neutre pour 15,54% et faible pour 34,45% d’entre eux. Les résultats sont également faibles en ce qui concerne leur capacité à faire face à l’incertitude : fort pour 52,21%, neutre pour 13,88%, et faible pour 29,76%.

Des dégâts déjà visibles sur le bien-être et la qualité de leur sommeil

Un indépendant sur deux (49,38%) n’a plus un sommeil de qualité. Ils sont 61,84% à dormir (en moyenne) moins de sept heures par nuit. Ils sont 28,12% à passer des nuits de moins de six heures. Il n’est donc pas étonnant qu’ils soient 59,51% à juger leur sommeil insuffisant pour se sentir bien reposés. D’autres maux sont fréquemment cités lorsque l’on évoque l’année écoulée :

La santé mentale des indépendants, un pilier de notre économie

Qu’en pensez ? Pour 36,25% des répondants, leur santé mentale est mauvaise, voire très mauvaise.

Tout le monde connaît un commerce ou une PME de cinq ou dix personnes, où le rôle et la présence du dirigeant sont essentiels à la survie de l’entreprise. Un burnout… et c’est l’activité qui s’écroule : la bonne santé économique des activités indépendantes et des PME est extrêmement liée à la santé des dirigeants.

Quand un dirigeant sur trois estime que sa santé mentale est mauvaise, on se doit d’y prêter attention.

Grâce au projet Icarius, avec le soutien du Ministre des Indépendants et avec l’aide du SPF Sécurité Sociale, UCM s’investit dans cette problématique. Elle invite chaque indépendant à profiter de ce projet pour s’épanouir dans son business.

UCM tire la sonnette d’alarme. Nous souhaitons lever la situation de déni, encore dans le chef de trop nombreux décideurs politiques. Il faut en faire plus pour la santé mentale des indépendants ! Beaucoup plus.

L'auteur.e de cet article

Renaud FRANCART

La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.