Faux CV, fonctionnaires-comédiens, délation des clients : la Wallonie de demain ? Non !

Le Gouvernement Wallon réfléchit à des méthodes de lutte contre les discriminations à l’emploi très discutables. UCM s’y oppose, et propose une autre approche plus efficace.

Tests de situation : de quoi parle-t-on ?

Déjà d’application via l’inspection fédérale, un avant-projet de décret wallon envisage cette fois d’introduire des tests de situation pour combattre les discriminations à l’emploi ou à la formation. On vise notamment l’intérim, les titres-services, les ALE, les entreprises qui accueillent des demandeurs d’emploi en stage (PFI, etc.). Ces tests pourraient impliquer l’envoi de faux CV ou la réalisation d’appels mystères pour évaluer les pratiques de certaines entreprises. Le SPW pourrait également recourir à des comédiens. Certaines entreprises auraient également l’obligation de dénoncer des demandes discriminatoires venant des clients. Sanctions à la clé.

OK sur le fond, mais pas sur la forme !

Tout en soutenant fermement la lutte contre les discriminations, illégales, UCM dénonce depuis le début la pertinence et l’efficacité de ces tests. Plusieurs points d’achoppement existent et sont passés sous silence. De nombreux éléments continuent à plaider aujourd’hui contre ce système :

  • l’insécurité juridique entourant la notion – souvent floue – de discrimination,
  • le mécanisme de responsabilité partagée entre le travailleur et l’employeur lors d’un tel contrôle : au final, qui serait responsable devant les cours et tribunaux ?
  • le manque d’éthique quant au principe d’usage de faux par les pouvoirs publics dans le contrôle de matières sociales et des rapports sociaux,
  • l’enjeu d’une approche globale et d’un accompagnement positif des entreprises, plus efficace sur le long terme,
  • la priorité donnée aux compétences et à la motivation lors d’un recrutement,
  • la perte de temps -non indemnisé- qu’entraîne ce type de test pour les entreprises qui recrutent,
  • l’impact d’autres réglementations, par exemple les barèmes liés à l’âge/ancienneté en cas d’embauche d’un travailleur plus âgé,
  • le chevauchement et la surcouche juridique manifeste avec le pouvoir fédéral, où une loi similaire est maintenant d’application depuis avril 2018 pour tout le territoire belge –dont la Wallonie- et avec davantage de balises.

Des résultats mitigés ailleurs : un avertissement pour la Wallonie ?

Depuis 2018, les tests de situation sont possibles au fédéral et à Bruxelles et ont brillé par des résultats inexistants. Face à ces constats, l’UCM appelle à une réflexion approfondie. A la place de créer un nouveau doublon juridique inefficace et vexatoire, pourquoi ne pas travailler avec les entreprises sur des actions plus positive, allant de l’information à l’accompagnement via des programmes novateurs ? La Wallonie n’a aujourd’hui aucune politique de ce type. L’impact sur le marché du travail donnerait pourtant de meilleurs résultats.

La lutte contre les discriminations est cruciale, mais elle nécessite une approche réfléchie, équilibrée et efficace. UCM reste mobilisée pour garantir que les entreprises wallonnes bénéficient d’un cadre clair, équitable et propice à l’inclusion. Espérons que ce projet débouche sur une approche plus positive !

L'auteur.e de cet article

David PISCICELLI
Conseiller au service d'études et spécialisé dans les matières sociales (emploi, formation et droit du travail), je défends les intérêts des entrepreneurs et PME dans ces domaines.
David PISCICELLI

David PISCICELLI

Conseiller au service d'études et spécialisé dans les matières sociales (emploi, formation et droit du travail), je défends les intérêts des entrepreneurs et PME dans ces domaines.

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