Transition numérique et digitalisation des PME : bilan mitigé…

La digitalisation va sauver le monde, votre entreprise, votre famille et même votre potager (si vous en avez un). C’est en tout cas, ce qu’on pourrait croire quand on parcourt la littérature sur le sujet. Oui, la digitalisation permet de gagner en compétitivité. Oui, elle permet de séduire les plus jeunes générations. Oui, elle permet d’améliorer la durabilité d’une entreprise… Mais il y a des mais.

Il faut regarder au-delà des slogans, et s’interroger sur les freins, objectiver les gains de compétitivité et admettre que la digitalisation ne va pas toujours de soi. Et qu’il n’est dans l’intérêt de personne de laisser la et les sociétés se digitaliser toutes seules, sans aide ni accompagnement. Le chemin de la digitalisation est semé d’embûches, et il s’agit de ne perdre personne en cours de route. 

Transition numérique et PME : « peut mieux faire »

Les chiffres du Belgian Digital Economy Overview 2023 (étude réalisée par le SPF Economie) révèlent une fracture importante : près de 60 % des petites entreprises présentent un niveau d’intensité numérique faible ou très faible. À peine 9,3 % des PME utilisent l’intelligence artificielle, alors que 41 % des grandes entreprises y ont déjà recours. Selon le rapport, ce retard technologique limite leur capacité à innover et à être compétitives sur des marchés de plus en plus digitalisés.

Et pourtant, ces PME sont la pierre angulaire de notre économie. Si leur transformation tarde, c’est souvent en raison de freins bien réels : 

• Les coûts initiaux : acquérir et intégrer de nouveaux outils peut représenter un investissement lourd.

• Le manque de compétences : l’expertise numérique n’est pas toujours à portée de main.

• Une approche déconnectée des réalités : certains outils présentés comme incontournables ne correspondent pas aux besoins des petites entreprises.

Digitalisation des PME : l’illusion de la formule magique

Prétendre que la digitalisation est un remède à tous les maux est trompeur. Pour certains entrepreneurs, elle ouvre des perspectives énormes (automatisation, analyse de données, accès à de nouveaux marchés). Mais pour d’autres, les bénéfices sont loin d’être évidents.

Prenons l’exemple des outils d’e-commerce. Alors que les grandes enseignes en font un vecteur de croissance, beaucoup de petites entreprises ont constaté, après la crise du COVID, que la mise en place d’une boutique en ligne n’entraîne pas automatiquement une augmentation de la rentabilité. La concurrence en ligne est rude, il faut investir dans le marketing digital pour être visible, gérer les stocks, etc..

Par ailleurs, beaucoup d’entreprises perçoivent une contradiction entre les injonctions à la digitalisation et celles liées à la durabilité. Investir dans des technologies numériques s’accompagne souvent d’une augmentation de la consommation énergétique et des ressources nécessaires pour produire et maintenir ces outils.

Digitaliser sans déshumaniser

Si la technologie accélère tout, elle ne remplace pas le lien humain : il reste essentiel, notamment pour les PME de proximité. Un commerçant n’ouvre pas sa boutique uniquement pour « faire du commerce ». C’est souvent une question de service, de partage, d’ambiance ou tout simplement de rencontres. Les solutions numériques doivent donc être adaptées à la réalité des entreprises, et non l’inverse.

Soutenir la digitalisation des PME

Que ce soit pour une grande structure ou pour une petite société, la digitalisation d’une entreprise est toujours un projet en soi. Ca demande du temps, des connaissances, des moyens que n’ont pas toujours les PME. C’est pourquoi nous demandons qu’on passe du « il faut vous digitaliser » à « on va vous aider à vous digitaliser ». Concrètement, cela passera par :

• Un accompagnement sur mesure : chaque entreprise a des besoins différents, et il est crucial de proposer des solutions personnalisées.

• Une pédagogie renforcée : expliquer les avantages, mais aussi les limites des outils numériques. Développer des outils pour aider les entreprises à faire des choix pertinents. (par exemple, le Cyberscan développé par le SPF Economie).

• Un soutien financier à long terme : les aides ponctuelles ne suffisent pas toujours à garantir une transition durable.

Ecrire l’avenir ensemble

La digitalisation doit être vue comme un moyen, pas une fin en soi. Pour garantir que cette transformation profite à tous, elle doit s’accompagner d’une réflexion permanente impliquant pouvoirs publics, fédérations et entrepreneurs.

Chez UCM, nous croyons fermement que chaque entreprise, quelle que soit sa taille, peut tirer parti de cette révolution, à condition d’être accompagnée avec bienveillance et pragmatisme. La digitalisation est une opportunité, tant qu’elle reste à hauteur d’homme.