Vouloir tout porter sur ses épaules : une constante chez beaucoup d’indépendant(e)s et patron(ne)s de PME. Et c’est encore davantage le cas en période de crise, face à un gros obstacle ou une difficulté inattendue. Le secteur de l’aide aux entrepreneurs peut témoigner des impacts de cette sur-identification et d’une tendance à s’isoler. Améliorer les solutions pour faire face à ces situations en Wallonie sera un enjeu majeur pour UCM en 2025.
UCM participait ce vendredi 13 décembre à l’Agora de l’entrepreneuriat à Mons. Le thème de cette édition : la faillite. Comment l’entrepreneur vit-il cette situation lorsque la faillite est subie ? Et les témoignages ont montré combien cela peut être une période sensible, à risque.
Faillite subie : une épreuve mentale terrible, à ne pas négliger
Nicolas Dekoninck, actuellement conseiller au Forem, a expliqué son expérience passée en tant que patron d’une PME dans le secteur de l’électricité. La situation de l’entreprise qu’il avait reprise s’est rapidement dégradée suite à la perte d’un client majeur. Et Nicolas de témoigner d’une certaine solitude, en particulier face aux décisions à prendre pour tout sauver… pas toujours les bons choix.
Puis arrive la faillite. Et dans ces moments, le poids des regards extérieurs et de l’autocritique peut être accablant. Tout cela met à rude épreuve l’être humain derrière l’entrepreneur.
Pourtant, des dispositifs existent pour accompagner ces femmes et ces hommes confrontés à des crises économiques et personnelles. Leur objectif est d’aider à surmonter l’obstacle économique, financier et administratif d’une faillite, et aussi à retrouver estime de soi et énergie.
Des dispositifs multiples face à une faillite, chacun avec ses atouts
✔️ Revival Belgium, menée par Sébastien Hamende (Pulse Foundation), accompagne chaque année des centaines d’entrepreneurs en faillite. Ce programme ne se limite pas à régler les aspects pratiques d’une faillite. Sébastien explique comment ils aident dans une première phase à sortir du « bourbier mental », à identifier les enseignements à tirer de cette épreuve et, seulement ensuite, à envisager un rebond. L’accompagnement psychologique y joue donc un rôle central.
✔️ « Un pass dans l’impasse » est une asbl qui intervient en situation de détresse psychologique, aussi en cas de pensées suicidaires. Et la faillite peut être une période à risques. Fanny Chatelier, psychologue, explique certains constants effectués lors des accompagnements d’indépendants en détresse :
- Les profils d’indépendants sont très divers, tout comme les sentiments qui les traversent : tristesse, anxiété par rapport à l’avenir, culpabilité…
- L’importance de travailler à distinguer la personne de son entreprise, rappelant que la valeur d’un individu dépasse l’échec de sa société.
- Il faut de la patience, et donc du temps, pour retrouver l’énergie de se relancer.
✔️ Enfin, cette solitude de l’entrepreneur est aussi prise en compte dans le programme « J’entreprends mon bien-être » qu’UCM développe depuis janvier 2024. S’entourer des bonnes compétences, réseauter, s’enrichir des expériences d’autres entrepreneurs, c’est un des axes de la sensibilisation des indépendants à leur propre bien-être. L’équipe orientation bien-être, chargée de guider les indépendants, peut s’appuyer sur l’expertise et les services de son partenaire One (Groupe CESI), de Revival et d’Un Pass dans l’Impasse.
Beaucoup d’autres dispositifs existent et font partie du catalogue de ressources disponible chez UCM. Pensons simplement déjà au dispositif Ré-Action, à l’Observatoire du crédit, au Crédal, à Agricall pour le secteur agricole, à plein d’inititiative comme SOS-burnout, sans oublier les mutuelles et l’accès tant aux soins de santé qu’aux indemnités quand il s’agit de stopper toute activité.
Une politique d’accompagnement à renforcer et à clarifier
Malgré leur efficacité, ces dispositifs restent souvent très peu connus ou fragmentés. Il est urgent de renforcer et de consolider ces initiatives en Wallonie. Une politique claire et cohérente d’accompagnement des entrepreneurs en faillite ou en détresse est essentielle pour :
- Rendre ces dispositifs plus accessibles et visibles.
- Clarifier leur rôle respectif, leurs complémentarités et leur collaboration.
- Multiplier encore les efforts de prévention, par la sensibilisation et l’information en amont.
Les constats et analyses qui sont échangés dans l’Agora de l’entrepreneuriat doivent inspirer le Gouvernement Dolimont, et notamment les ministres concernés que sont Pierre-Yves Jeholet (MR) et Yves Coppieters (Les Engagés).
Dans tous les cas, UCM en fera une priorité ces prochains mois. Janvier sera déjà l’occasion de collaborer à une nouvelle enquête sur l’isolement et sur les besoins d’accompagnement en cas d’accident de la vie. Nous collaborons pour cette enquête avec les porteurs du projet BforB et ses ambassadeurs. Le début de l’année 2025 sera plus largement l’occasion pour UCM de prendre langue avec les décideurs wallons afin de rendre cette politique, disons, plus « robuste ». A suivre, donc !
L'auteur.e de cet article
- La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.
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