Les indépendants et PME sont le cœur battant de notre économie. Pourtant beaucoup d’entre eux se sentent coincés, acculés parfois, face à des consommateurs exigeants et aux habitudes qui changent, face à des grandes entreprises qui ne jouent clairement pas dans la même cour, qu’elles soient chinoises, américaines, mais aussi européennes, ou encore face aux normes et exigences sans cesse croissantes des administrations que la Belgique a pris grand soin de développer en très grand nombre. « Equilibrer les relations » est devenu une urgence pour les indépendants et PME, et donc pour notre économie. Tour d’horizon des perspectives de rééquilibrage reprises dans l’accord de gouvernement ARIZONA.
1. Une meilleure relation entre entreprises et consommateurs
« Le client est roi ». C’est vrai, mais ça ne veut pas dire non plus qu’il doit être un dictateur. Le gouvernement l’a bien compris et intègre dans son accord quelques mesures pour limiter les abus, tout en renforçant leurs droits lorsque c’est nécessaire :
✅ Chacun son rôle et ses responsabilités
Une économie dynamique repose en très grande partie sur la confiance que chacun prenne ses responsabilités et que les abus, lorsqu’ils sont objectivement constatés, soient proportionnellement encadrés. C’est pourquoi nous saluons la volonté d’accroitre l’autonomie des consommateurs et de faire évoluer le droit de la consommation sur base de données objectives. Espérons qu’on ne sorte plus le bazooka pour tuer une mouche.
✅ Le droit à être payé : vers une meilleure protection des entreprises
La confiance, c’est aussi : la certitude pour le consommateur d’obtenir le produit ou le service souhaité ; et pour l’entreprise celle de recevoir en échange le paiement convenu, dans les délais convenus. La proposition de garantir un système efficace d’assistance et de résolution des litiges, couplée à des procédures judiciaires raccourcies pour les litiges liés à la consommation, va dans le bon sens. L’extension de la procédure de RCI (recouvrement de créances incontestées), ainsi que l’évaluation de la récente réforme de la procédure de recouvrement amiable (le fameux premier rappel gratuit) sont également des orientations que nous avons soutenues au travers de notre mémorandum.
✅ Des limites de la libéralisation
L’accord prévoit aussi, avec une certaine prudence, de lever les restrictions limitant l’accès aux professions libérales. Avec l’association professionslibérales.be, il conviendra d’être attentif. Les restrictions d’accès ont pour but de protéger les consommateurs, autant que les entreprises et l’intérêt public. Nous le rappellerons et veillerons à ne pas entamer la confiance qu’on est en droit d’accorder à ces professions.
2. Vers une concurrence plus équitable avec les grandes entreprises
Chez UCM, on sait qu’il y a « entreprise » et « entreprise ». Mettre des entreprises comme Amazon, Decathlon ou IKEA et un commerce indépendant dans le même panier n’a aucun sens. C’est pourquoi nous avons plaidé pour des mesures de protection et d’exceptions pour stimuler la compétitivité de l’économie locale. Celle qui investit et qui offre des emplois non délocalisables, qui a un sens sociétal. En préambule, l’Arizona annonce vouloir « protéger plus fermement notre marché et notre industrie contre la concurrence déloyale ». On est pour.
✅ Vers une juste concurrence ?
La volonté réaffirmée d’aboutir, au plus tard à partir de 2027 à l’application d’une digitaxe devrait permettre d’apporter un peu d’air aussi aux entreprises qui opèrent chez nous. Pour renforcer la saine concurrence, le système de caisse blanche sera étendu, avec une exception notable pour les activités de petite envergure, ce qui est une bonne nouvelle également.
Enfin, notre nouveau gouvernement reconnait que « la République populaire de Chine est déloyale sur le plan économique« . C’est bien de le reconnaître, c’est encore mieux de prendre des mesures concrètes pour protéger notre économie contre ces pratiques. Il y a urgence.
3. La relation – simplifiée – avec l’administration pour les PME et indépendants
La simplification administrative, c’est LE sujet. Chaque chapitre de l’accord de gouvernement – ou presque – contient des mesures de simplification. Elle y a même droit à son petit chapitre, rien que pour elle. Focus sur les mesures que nous avons soutenues et que nous suivrons de très près :
✅ La liste des « Quick-Wins »
Pour ce 30 juin 2025, chaque ministre a pour « devoir » de déposer sur la table du Conseil des ministres une liste de propositions de simplification. Des mesures concrètes, activables rapidement par une circulaire, un arrêté ou une loi-programme… Donc, c’est le moment, c’est l’instant, de nous envoyer votre liste de Saint-Nicolas, nous ne manquerons pas de tout compiler pour envoi aux ministres concernés.
✅ Un « plan PME » pour renforcer l’attractivité des petites entreprises
L’Arizona s’engage sur un « plan PME » qui vise à rendre notre pays plus attractif pour les petites et les microentreprises en travaillant sur sa réglementation, les petits frais irritants pour les indépendants et la réduction des charges administratives. « Think small first » sera la maître mot. Et nous veillerons à ce que ça ne reste pas une intention. Nous serons attentifs à ce que l’engagement de mettre un terme à la course au goldplating soit tenu et que les lois de transposition prévoient les exceptions pour les PME que la réglementation européenne permet.
✅ Vers un environnement digital apaisé ?
La Belgique compte actuellement à peu près autant de plateformes et de guichets numériques que d’administrations. C’est-à-dire : beaucoup. La centralisation et la rationalisation de tout cet écosystème n’est pas vraiment une victoire, c’est une question de bon sens. Laisser aux usagers gérer la complexité de notre système institutionnel ne bénéficie finalement à personne. Il faudra du temps aux autorités pour effacer cette complexité mais nous saluons la volonté de prendre les choses en main. C’est important. Autant que d’être attentif à ne pas couper les liens avec ceux qui souhaitent avoir un contact personnel et physique avec l’administration.
4. Tout va bien alors ?
On est optimistes, oui. Mais pas naïfs. On sait que certaines choses prendront du temps, les développements informatiques notamment, le changement de mentalité aussi. On sait que certains leviers sont à d’autres niveaux de pouvoir.
Au travail.
L'auteur.e de cet article

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