Gouvernement Arizona : vers un renouveau industriel et une économie compétitive ?

Dans un contexte économique et géopolitique en pleine mutation, la Belgique fait face au défi de renforcer ses investissements, soutenir son industrie et répondre à l’enjeu du changement climatique. Nous l’évoquions dans un précédent article en début d’année, notre productivité ralentit et la compétitivité de notre économie est mise à mal. Par conséquent, notre capacité à relever les défis sociétaux de demain risque d’être gravement hypothéquée. Nous demandions donc au futur Gouvernement de faire de cette thématique une priorité de l’agenda politique. Alors, qu’en est-il ?

Productivité stagnante, croissance économique ralentie, pression fiscale déjà élevée, couts de vieillissement qui augmentent rapidement, énergie couteuse ainsi que de nombreux besoins d’investissement et contexte international particulièrement difficile, les défis ne manquent pas. UCM constate un engagement global du nouveau gouvernement fédéral à travailler sur le renforcement du positionnement de l’économie belge et de répondre aux grands enjeux de compétitivité et de productivité pointés par les différents partenaires sociaux, dont UCM. Analyses des ambitions fédérales déclinées sous trois piliers : énergie, industrie et Europe.

Rendre l’énergie accessible… et décarbonée pour les entreprises

Telle est l’équation que doit résoudre ce nouveau gouvernement : assurer l’accès à une énergie moins couteuse pour les entreprises, tout en maintenant les objectifs de décarbonation pour lesquels l’Arizona réaffirme son engagement. En complément, renforcer l’autonomie énergétique de notre pays est un troisième objectif. Plusieurs mesures phares sont annoncées :

  • Poursuite de l’électrification et principe de neutralité technologique sur les vecteurs énergétique ;
  • Création d’un Haut Conseil pour l’approvisionnement énergétique, organisme autonome et indépendant chargé de collecter des données objectives et d’assurer la transparence du processus décisionnel relatif aux décisions d’investissements ;
  • Connexion du réseau énergétique au niveau européen pour un mix énergétique décarboné ; 
  • Renforcement de la norme énergétique (sans porter préjudice aux autres utilisateurs du réseau et dans le respect des limites budgétaires), abaissement des accises sur l’électricité ou encore diminution des frais de transport pour s’aligner sur nos pays voisins.

Ces quelques mesures vont dans le sens demandé par les PME : une énergie abordable et décarbonée. UCM garde néanmoins quelques points d’attention comme l’absence d’objectifs en termes de réduction de consommation énergétique, la soutenabilité financière de ces mesures (la réduction des tarifs ne doit pas hypothéquer les investissements nécessaires pour moderniser et flexibiliser le réseau, pierre angulaire de notre sécurité d’approvisionnement) ou encore les économies annoncées sur les investissements relatifs au développement du réseau hydrogène, vecteur pourtant reconnu comme une solution du futur.

Un plan ambitieux pour la relance industrielle

L’industrie fait l’objet d’une attention particulière à tous les niveaux de pouvoir. Alors que l’année 2024 est à marquer d’une pierre noire avec une productivité en berne et des pertes d’emplois conséquentes en Belgique, les récents évènements géopolitiques remettent sur le devant de la scène le besoin pressant de retrouver des capacités de production locales. Une série d’initiatives sont ainsi annoncées :

  • Plan interfédéral Industrie : aligner les politiques industrielles avec les Régions et leurs spécificités est un préalable qui peut sembler évident et nécessaire, il doit être mis en place ;
  • Priorisation des secteurs industriels prometteurs qui contribuent à renforcer notre autonomie stratégique, en collaboration avec les Régions et leurs besoins et priorités spécifiques ; 
  • Mise en place d’un mécanisme de suivi des indicateurs industriels afin de pouvoir procéder à des adaptations sur la politique d’investissement et de compétitivité ;
  • Évaluation de la loi sur les pratiques commerciales déloyales ;
  • Consolidation et simplification des régimes fiscaux préférentiels pour la R&D pour offrir un meilleur soutien aux PME et aux pôles académiques.

UCM accueille favorablement cette ambition, qui doit permettre de renforcer la production industrielle locale où les PME ont un rôle central à jouer, avec de nombreux emplois à la clé.

Participer à une révolution européenne

Face aux nombreuses et rapides évolutions à l’échelle européenne et mondiale, l’Arizona fait le choix assumé de s’inscrire pleinement dans l’agenda européen et de soutenir les différentes initiatives de cette dernière visant à relancer la compétitivité du continent. Couplé à une volonté d’alignement plus forte avec les Régions, UCM est satisfait de constater une cohérence entre l’ensemble des niveaux de pouvoirs qui permettra d’augmenter l’effet de levier des différentes politiques publiques. Parmi les priorités du Gouvernement, nous notons :

  • Inscription dans la stratégie industrielle et financière européenne afin de renforcer l’Union européenne des marchés de capitaux, dont notamment des mesures pour promouvoir le capital-risque, permettant de libérer les investissements au sein des PME ;
  • Soutien aux objectifs renforcés dans le cadre de la nouvelle règlementation sur le système d’échange de quotas d’émission et aux autres réglementations liées, afin de continuer la trajectoire de décarbonation ;
  • Réassurance des principes pour un commerce mondial durable et une concurrence loyale. 

Les choses bougent rapidement et la Belgique compte jouer son rôle. Nous pouvons noter dans ces derniers jours des initiatives essentielles pour la compétitivité et l’industrie belge, bruxelloise et wallonne. Prenons par exemple le Clean Industrial Deal visant à relancer la production industrielle en Europe tout en maintenant les objectifs de décarbonation et le programme Rearm Europe visant assurer l’autonomie stratégique des Etats membres dans la défense. Ces derniers exemples mettent en évidence un changement de paradigme important pour l’Europe, répondant à des demandes concrètes d’UCM en tant qu’organisation patronale :

  • assumer une préférence continentale, voire nationale, dans la commande publique ;
  • prendre une autonomie pour les secteurs essentiels, notamment concernant les matières premières et l’énergie, la production et la transformation industrielle ;
  • développer des plans d’actions spécifiques pour les secteurs européens stratégiques ou ceux où nous sommes en difficulté à l’échelle mondiale ;
  • libérer des capacités d’investissement, notamment par une simplification administrative pour les entreprises.

Concrétiser l’opportunité pour les PME

Les planètes sont alignées pour une politique industrielle ambitieuse avec une cohérence des objectifs politiques de l’Europe aux Régions. Ces objectifs répondent à des demandes d’UCM de simplification administrative, facilitation des investissements, réduction des couts énergétiques et de soutien aux entreprises qui produisent et créent de la valeur ajoutée. Nous restons néanmoins attentifs sur plusieurs points : inclure les PME dans les politiques de soutien à la relance industrielle, assurer que les PME électro-intensives puissent bénéficier des politiques énergétiques au même titre que les grandes industries de production ou encore que les mannes de financement européennes soient enfin mobilisées avec ambition par la Belgique. L’opportunité d’une économie plus compétitive est là, il faut la saisir !

Clément Poulain

Clément Poulain

Conseiller Lobby - Chargé des études socio-économiques au Service d'Etudes

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Share via
Copy link
Powered by Social Snap