Le financement alternatif, pas encore une alternative

Lors de notre dernier baromètre, nous avons interrogé les membres d’UCM sur le recours aux mécanismes de financement alternatif. Les résultats des 593 répondants sont surprenants. Voici quelques éléments d’analyse.

Qu’entend-on par financement alternatif ?

On vise l’apport en capital, le prêt d’amis (ou de la famille) et le prêt du grand public via une plateforme. Ce dernier peut prendre la forme de « crowdlending » (prêt), « equity crowdfunding » (l’investisseur acquiert des titres de capital ou de créance émis par l’entreprise soutenue), ou encore le « reward crowdfunding » (don sans contrepartie ou avec contrepartie en nature). Il y a également le « business angel » (personne physique qui investit et dispose d’une expérience adéquate pour conseiller l’entrepreneur, souvent via des réseaux de mise en contact). 

Seuls 23,1% des répondants ont déjà eu recours à une forme de financement alternatif ou pensent y avoir recours dans le futur. Plus de trois quarts des répondants (76,9%) n’y ont jamais eu recours ou ne l’envisagent pas. On constate que les entrepreneurs qui ont des difficultés d’accès au crédit sont aussi ceux qui recourent le plus au financement alternatif.


Le profil d’entrepreneur type

L’entrepreneur ayant recours au financement alternatif provient majoritairement des secteurs du commerce, de l’horeca et de la construction. Il a moins le profil d’un starter que celui d’un entrepreneur en croissance ou au bord de la rupture . En effet, le financement alternatif est généralement utilisé pour sauver l’entreprise de la crise (46,5%) ou pour la faire croître (37,2 %).

Une écrasante majorité des entrepreneurs familier avec le financement alternatif (67%) a fait appel à son réseau proche, que ce soit via des structures de type prêt proxi/coup de pouce ou non. C’est d’ailleurs via ce réseau (famille, affaires, amis) qu’ils ont eu connaissance de ce type de financement, alors que seulement 8% en ont eu connaissance via leur conseiller bancaire. On parle de petits montants (moins de 30.000 euros) (68%), des montants qui ont tendance à augmenter proportionnellement à la taille de l’entreprise.


Pourquoi pas ?

La raison principale pour laquelle les entrepreneurs disent ne pas avoir recours à ces mécanismes est qu’ils n’ont tout simplement pas besoin de financement (51,7%).

A côté de cela, 20% ne connaissent pas le financement alternatif ou ne savent pas comment y avoir accès.

21% des répondants ne souhaitent pas rendre public leurs besoins ou ambitions financiers, ils n’en voient pas l’intérêt ou ils n’ont pas confiance en ce genre de financement.

Parmi ceux qui envisagent d’y recourir, la première raison est une motivation sociétale. En effet, 47,7% pensent user de ce dispositif afin de donner plus de sens à leur projet/entreprise via une implication de personnes tierces. Une majorité l’envisage comme un complément du financement classique.

« Accessibilité, visibilité et crédibilité »

Ces termes doivent être les 3 points d’amélioration de ces sources de financement :

  • Devenir une vraie alternative au financement classique et pas uniquement un complément ;
  • Rendre accessibles et lisibles les différentes formes de financement ;
  • Encourager le recours auprès des starters ;
  • Améliorer la confiance des entrepreneurs envers les institutions publiques ou dispositifs extérieurs ;
  • Faire respecter l’obligation d’information des banques en cas de refus de crédit. Autrement dit, ces dernières doivent renseigner les entrepreneurs sur les moyens de financement alternatif.

Sophie Heuskin

Sophie Heuskin

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