Sécu : les indépendant·e·s s’inquiètent pour l’avenir

Entreprendre et rester actif est la priorité. Puis vient le fait de disposer de couvertures fortes en cas de cessation forcée pour cause de vieillesse (pension), de maladie (indemnités) ou des crises (passerelle). La Sécu est-elle en mesure de les rassurer ?

La sécurité sociale des indépendants, gérée avec l’INASTI et les caisses d’assurances sociales, a été diablement renforcée ces dernières années. Certainement au niveau des montants des allocations : une pension minimum à 1.500 euros (contre 600 euros voici vingt ans), des indemnités de mutuelle dès le premier jour en cas d’arrêt maladie conséquent (au moins 8 jours), un droit passerelle qui joue son rôle en cas de cessation forcée, etc. Et pourtant, l’inquiétude règne. C’est ce qui ressort de la 6e édition du Grand baromètre UCM du statut social des indépendants #sécuindpt22

Pension légale : les indépendants n’ont pas confiance

C’est une constante : le montant de pension inquiète (86,6%), peut-être encore davantage dans ces périodes de crise. Une des explication vient de l’absence de réformes visant un meilleur équilibre dépenses-recettes (soutenabilité). Du coup, les mesures de revalorisation des pensions n’ont pas (encore) permis de rassurer : les craintes sont grandes sur les capacités de l’Etat à honorer les pensions (61,5%). Beaucoup craignent d’avoir trop peu cotisé pour la pension libre complémentaire (24,1%).

UCM a engrangé, en 2021, une réforme historique en obtenant la suppression du coefficient correcteur qui pesait, jusque-là, sur le calcul de la pension des indépendants. Mais la pénalité d’un tiers continue de peser sur les années de carrière antérieures à 2021. L’effet sur les montants de pension ne sera dès lors total qu’en 2066 ! Le mandat pour notre action de lobby est clair : UCM va continuer de demander un effet correctif rétroactif !

La retraite à 67 ans. Et si je ne tiens pas le coup ?

L’âge de la pension porté à 67 ans génère une inquiétude nouvelle (pour 52,9% des répondants). Encore une fois, la succession des crises fait prendre conscience que, ni la santé économique de l’entreprise, ni sa propre santé ne sont 100% garanties jusqu’à l’âge de 67 ans. Or, l’indépendant qui doit cesser plus tôt devra bien souvent vivre sur ses réserves.

Les indépendants estiment que le cadre pour anticiper sa pension est trop rigide (66,4%). D’ailleurs, la majorité des répondants (63,5%) sont prêts à subir une décote de leur montant de pension (ex : -3% par année d’anticipation ou, à l’inverse, +3% en cas de report) si cela donne plus de liberté en termes de date de prise de pension. C’est l’idée d’un système dit de corrections actuarielles, comme le connaissent 80% des pays de l’UE. Cependant, comme la Hongrie, la Pologne, le Luxembourg et Malte, la Belgique ne connait pas ce type de système.

UCM participe aux travaux du Comité National des Pensions (Commission ad hoc). Elle y portera non seulement l’objectif de renforcer la performance sociale (équité) et la soutenabilité financière, mais elle continuera de plaider en faveur de l’introduction d’un système de corrections actuarielles, qui est la condition sine qua non si l’on veut des solutions plus individualisées en fin de carrière.

Invalidité & droit passerelle : la couverture est trop mince

L’amélioration du système d’indemnisation des arrêts-maladie reste une priorité pour 52,4% des indépendants. Mieux protéger les faillites et les cessations forcées par le droit passerelle est prioritaire pour 43,5% des répondants. C’est assez stable, malgré une utilisation inédite et massive durant la crise covid.

Ce qui frappe, dans le résultats du Baromètre 2022, c’est une demande plus claire de mieux couvrir la perte de pouvoir d’achat en cas d’interruption longue : respectivement, 77,1% et 59,2% demandent un lien plus marqué entre le montant de l’indemnité et les cotisations payées. Dans ce cas, les forfaits actuels (de l’ordre de 1.000€ à 1.400€ selon la situation) constitueront les montants minimaux garantis.

UCM participe aux travaux à l’INASTI et à l’INAMI sur l’amélioration de ces couvertures, et y appuiera – comme un priorité – cette évolution vers des indemnités progressives dans le cas d’arrêts forcés de longue durée.

Ce baromètre constitue un guide pour UCM mais aussi pour les décideurs politiques, afin que les mesures qui sont décidées portent sur les priorités des indépendants. Un leitmotiv : Chaque euro dépensé dans le statut social doit l’être pour les priorités des indépendants !

Retrouvez les résultats complets du Grand baromètre ici.

L'auteur.e de cet article

Renaud FRANCART
La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.
Renaud FRANCART

Renaud FRANCART

La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.

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