Crise énergétique : les entrepreneurs témoignent devant les parlementaires bruxellois

Ce mercredi, UCM était invitée par la commission « affaires économiques » pour exposer la situation des indépendants et des PME en pleine crise énergétique. Les députés souhaitaient également entendre des témoignages d’entrepreneurs.

Le replay des auditions est à retrouver sur la chaîne Youtube du Parlement bruxellois.

C’est la cata !

Après avoir fait un retour sur le contexte économique général et les spécificités bruxelloises, UCM a relayé la situation catastrophique du secteur de la distribution alimentaire. Notre fédération membre, APLSIA, avait déjà publié des témoignages forts dans un précédent article

UCM a également évoqué le cas de la boutique « Papillon » (magasin de jouets) à Etterbeek. Les difficultés de ce commerce viennent indirectement de la crise énergétique : les clients dépensent moitié moins et la boutique subit une augmentation du coût de transport des fournisseurs. En effet, la gérante, Julie Grégoire, déplore la situation :  « Ça devient impossible. J’ai tenu bon lors de la crise covid mais, cet été, les clients ont concentré leurs moyens sur les voyages et ils ont délaissé les jouets ». Epuisée et sous pression, Julie avoue avoir fait un burn out

Ensuite, c’est un restaurateur d’Etterbeek qui a pris la parole. Il a dû fermer ses portes tout récemment. La cause ? Plutôt les causes : régularisation et augmentation des acomptes énergétiques impayables, trésorerie qui ne s’est pas reconstituée après la crise covid, procès du propriétaire et impossibilité de répercuter l’augmentation de ses charges sur le prix de ses produits. Il indique ne pas avoir été soutenu par les banques.

Enfin, c’est Charles Culot, gérant de la maison de repos privée « Vivalys » (Woluwé Saint-Lambert), qui a reconnu la chance d’avoir un bâtiment bien isolé ainsi que des panneaux photovoltaïques. Cependant, il insiste : « Ma facture d’énergie a augmenté de 68%, cela représente un surcoût de 235.000 euros. À cela s’ajoute l’indexation des salaires qui représente 350.000 euros ». 

Les résidents sont appelés à réduire leur consommation d’énergie, mais nous devons respecter des normes et nous ne pouvons y déroger (par exemple, la température minimum dans les chambres des résidents).

La crise énergétique = la goutte d’eau qui fait déborder le vase

Ces témoignages révèlent de nombreux points communs entre ces entrepreneurs :

  • Cumul de facteurs/crises impactant négativement leur activité (indexation, inflation, conséquences crise covid, énergie, etc.) ;
  • Il font preuve de résilience en tentant de réinventer leur business ;
  • Inquiétude quant à leurs factures énergétiques ;
  • Investissements économiseurs d’énergie et restrictions déjà mis en place ;
  • Incertitude quant à la durée de la crise et son imprévisibilité.

Enfin des aides… Mais ce ne sera pas suffisant !

Cette crise structurelle nécessite des mesures urgentes à court terme mais aussi des réponses à moyen et à long terme. La combinaison de l’action des différents niveaux de pouvoir est nécessaire pour soutenir pleinement les indépendants et les PME.

La Région bruxelloise a annoncé des aides aux entreprises dans le cadre de son accord budgétaire. Les outils et les mécanismes sont les bons mais les montants engagés (117 millions) ne seront pas suffisants face à l’ampleur de la crise.

Toutefois, les critères pour obtenir l’aide directe (prime) pour payer les factures énergétiques sont encore flous. UCM plaide pour retenir le seul critère du surcoût des factures énergétiques et non sur base de la perte du chiffre d’affaires. Par exemple : un boulanger pourrait conserver son chiffre d’affaires et avoir une explosion de ses charges énergétiques. Même s’il a un chiffre d’affaire correct, il doit pouvoir recevoir une aide.

Un prêt à l’investissement économiseur d’énergie spécifique pour les professionnels est enfin prévu (il existait déjà pour les particuliers). C’est une demande que nous formulions depuis longtemps, en tenant compte des retours de terrain de nos conseillers du pack énergie. Dans les conditions d’octroi, il y a :

  • Du positif : une franchise en capital de 2 ans ;
  • Du moins positif : un taux d’intérêt moins préférentiel que pour les particuliers.


La Région vient également renforcer l’accompagnement pack énergie, qui a vu ses demandes multipliées par trois ces derniers mois.

UCM réclame depuis le début de la crise un moratoire énergétique avec les fournisseurs : pas de coupures pour assurer la continuité d’activité des entreprises en cas d’impayé, plan d’apurement pour le surcoût des factures par rapport aux acomptes habituels et pas de citation en faillite par le secteur énergétique. Les entrepreneurs relatent le déséquilibre de leur relation avec leur fournisseur. Contrairement aux citoyens, ils ne bénéficient pas de statut client protégé. Dès lors, ils font face, notamment, à des demandes de garantie bancaire exorbitante, à des factures d’acompte/de régularisation impayables et à des coupures très rapides après la mise en demeure. Sur ces points, nous attendons encore des avancées.

La crise risque de durer. C’est pourquoi UCM plaide pour un monitoring rapproché de la situation économique et des aides, avec une réévaluation. Pour suivre nos dossiers en cours, rendez-vous ici.

Sophie Heuskin

Sophie Heuskin

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