La réforme fédérale de l’assurance chômage devrait limiter le droit aux allocations à 2 ans maximum. Parmi les mesures envisagées, la suppression du mécanisme de dispense pour reprise d’études ou formation génère quelques inquiétudes, y compris pour les PME.
Réforme chômage 2025 : vers une limitation à deux ans d’allocations
Le gouvernement fédéral peaufine actuellement sa grande réforme de l’assurance chômage afin de limiter à 2 ans la durée des allocations (avant transfert vers les CPAS). Si cette mesure vise à renforcer l’activation des demandeurs d’emploi, le cas spécifique des chômeurs en formation ou aux études dans les métiers en pénurie reste à clarifier.
Actuellement, un demandeur d’emploi peut en effet être dispensé de recherche active d’emploi tout en conservant ses allocations s’il suit une formation qualifiante ou dans une filière en pénurie. Ce mécanisme, régionalisé depuis la sixième réforme de l’État, reste important. Il permet aux demandeurs d’emploi d’éviter une précarité financière pendant des formations longues vers des fonctions qualifiées, favorisant leur réorientation vers des métiers indispensables aux entreprises en manque de de main d’œuvre.
🔶 Comment fonctionne l’encadrement budgétaire du système des dispenses ?
La loi spéciale de financement limite la possibilité pour les Régions de dispenser ‘trop’ de demandeurs d’emploi en même temps. Faute de quoi il y a une responsabilisation financière : si elles dépassent un certain seuil de dispenses accordées (12% des jours de chômage), elles doivent compenser financièrement auprès de l’État fédéral avec leur dotation. Toutefois, les formations dans les métiers en pénurie ne sont pas incluses dans ce calcul, ce qui laisse aux Régions une marge suffisante pour orienter efficacement les demandeurs d’emploi vers ces filières prioritaires, sans pénalités financières excessives.

Quels effets indésirables pour les PME si les formations sont découragées ?
A l’avenir, si le fait de reprendre une formation ou des études n’avait plus d’impact sur la fin des allocations de chômage et l’obligation de recherche d’un emploi, plusieurs effets négatifs seraient à prévoir :
- Beaucoup de demandeurs d’emploi hésiteraient encore plus à franchir le cap et à s’engager dans des formations qualifiantes longues et exigeantes, ou vers l’entrepreneuriat.
- Les entreprises pourraient être plus souvent confrontées à l’engagement de travailleurs en recherche d’un ‘job alimentaire’ à cumuler durant leur formation : soit des profils moins disponibles, plus souvent absents, et déjà avec un pied en dehors de l’entreprise une fois leur formation terminée.
- L’offre publique de formation des demandeurs d’emploi s’adapterait logiquement en prévoyant des formations à la baisse, avec des formations plus courtes, transférant davantage la charge et le coût de la formation continue vers les entreprises.
- etc.
Autant d’éléments qu’il convient dès-à-présent d’anticiper !

Faut-il réformer ? ✅Oui, mais sans tout supprimer
Pour UCM, une suppression pure et simple du mécanisme spécifique pour les demandeurs d’emploi qui se forme serait donc préjudiciable, tant pour la dynamique de formation vers l’emploi que pour certains secteurs qui pourraient encore plus être confrontés à une pénurie croissante de main-d’œuvre qualifiée.
Nous ne demandons pas un statu quo absolu, mais insistons sur l’importance de conserver un dispositif flexible, encadré régionalement, afin d’éviter les abus et les formations inadaptées. Une évaluation régulière par les Régions, notamment sur dossier, doit garantir que seules des formations cohérentes avec les besoins réels du marché du travail bénéficient d’une dispense !
L'auteur.e de cet article
- Conseiller au service d'études et spécialisé dans les matières sociales (emploi, formation et droit du travail), je défends les intérêts des entrepreneurs et PME dans ces domaines.
Derniers articles
- 2025.07.03Bruxelles146 métiers toujours en pénurie en Wallonie selon le Forem
- 2025.06.10EconomieUn an après les élections | Pénuries de main-d’œuvre et PME : le bilan
- 2025.05.22EconomieMobilité interrégionale : UCM porte la voix des entrepreneurs au Sénat pour booster l’emploi
- 2025.04.10EmploiRéforme du chômage 2025 : attention aux conséquences pour les formations et les PME