Les métiers en pénurie grippent la relance

Le Forem vient de publier la liste des fonctions critiques et métiers en pénurie pour 2021. Pas moins de 126 métiers sont concernés. Les difficultés de recrutement repartent à la hausse avec la reprise économique. Des mesures rapides s’imposent.

76 métiers en pénurie et 50 en situation critique

La nouvelle liste du Forem sur le manque de main-d’œuvre recense 76 métiers en pénurie et 50 en situation critique. Au-delà des désormais classiques carences de bouchers, boulangers, maçons, soudeurs, électriciens, infirmiers, médecins, chauffeurs poids-lourd, magasiniers, commerciaux, mécaniciens, développeurs informatiques… s’ajoutent encore de nouveaux venus comme les logopèdes, chapistes, bétonneurs, syndics d’immeuble ou conseillers bancaires.

Ce recensement administratif est important. Il donne le tempo d’une série de mesures publiques, comme les possibilités de reprise d’étude ou de formation pour les demandeurs d’emploi (tout en conservant le chômage). Il oriente aussi l’offre de formation (en alternance) dans les entreprises, ou l’octroi de permis de travail.

2021 : une année importante

Face aux 193.000 wallons qui recherchent un job, des milliers d’offres d’emploi ne trouvent pas preneurs. C’est un paradoxe bien belge qui peut s’expliquer par différents facteurs.

Il n’empêche, s’il y avait aujourd’hui un championnat d’Europe des métiers en pénurie, la Belgique serait bien arrivée en final : il n’y a que la République Tchèque qui fait pire sur tout le vieux continent. Rien qu’en Wallonie, le taux de vacance d’emploi est de 2.4 %, alors que la moyenne européenne reste à 1.9 %. Et le ciel s’assombrit encore : la dernière enquête de l’ERMG pointe que les problèmes de recrutement et d’approvisionnement deviennent les principaux obstacles de nos entreprises pour assurer la relance économique.

Pour la rentrée prochaine, les choix d’orientation et de formation de milliers de jeunes et demandeurs d’emploi seront particulièrement déterminants. Des secteurs peinent à attirer des talents alors qu’ils sont dans des moments charnière pour les années à venir. La construction, par exemple, est au centre du plan de relance wallon et des investissements prévus mais le secteur est en manque structurel de travailleurs qualifiés pour réaliser des chantiers. Ou les entreprises de l’HORECA, désertées par les travailleurs par endroit à cause des arrêts prolongés imposés par le Gouvernement, et qui cherchent maintenant à reconstituer leurs équipes.

Que faire ?

Face à cette situation, UCM insiste sur la mise en place de mesures. Rapidement.

  • Soutenir les petites entreprises qui embauchent et qui forment. C’est la base. Pourtant, certains pourraient vite l’oublier. Des aides financières à l’emploi et à la formation restent essentielles pour permettre aux petites entreprises d’acquérir des compétences;
  • Communiquer sur ces opportunités vers les jeunes, parents et demandeurs d’emploi, plus que jamais. Le travail de sensibilisation est essentiel;
  • Assouplir les dispenses chômage pour les demandeurs d’emploi. Un chercheur d’emploi peut être « dispensé » de rechercher un emploi, tout en conservant ses allocations de chômage, lorsqu’il entreprend une formation en alternance, un stage ou des études dans une filière en pénurie. Mais il y a actuellement quelques « couacs ». Il faut rendre ce système plus automatique pour les formations du Forem et de l’IFAPME. Comme Bruxelles l’a fait ;
  • Revoir la méthode de recensement de la liste des pénuries. Trop passive puisque se basant uniquement sur les offres d’emploi publiées par le Forem. Certains entrepreneurs recrutent par d’autres canaux (partenaires privés, réseaux sociaux, …). Elle doit s’accompagner de sondages d’intentions. L’IWEPS peut venir en renfort ;
  • Réformer, dès à présent, les mécaniques de la formation en alternance. Que ce soit par le soutien aux patrons-formateurs, la place de l’alternance par rapport au tronc commun, la place accrue des secteurs dans le dispositif… il y a du boulot et des décisions urgentes à prendre.

L'auteur.e de cet article

David PISCICELLI
Conseiller au service d'études et spécialisé dans les matières sociales (emploi, formation et droit du travail), je défends les intérêts des entrepreneurs et PME dans ces domaines.
David PISCICELLI

David PISCICELLI

Conseiller au service d'études et spécialisé dans les matières sociales (emploi, formation et droit du travail), je défends les intérêts des entrepreneurs et PME dans ces domaines.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Share via
Copy link
Powered by Social Snap