La Ministre des Pensions, Karine Lalieux, a fait part dans la presse de certains souhaits de réformes. Premier pas…. Et nos premières réflexions.
Difficile à ce stade de se faire une idée claire et précise de ce que sera réellement la feuille de route proposée, non pas par la seule ministre des Pensions, mais par le gouvernement De Croo. Les partenaires sociaux, dont UCM, sont prêts à se mettre à table.
Notre organisation y représentera les travailleurs indépendants et les patrons de PME, dans une posture positive, constructive et responsable.
Des chantiers nécessaires, face au défi du vieillissement
Les chantiers suivants semblent devoir s’ouvrir. Et ce sont là des thématiques qui rencontrent les préoccupations de travailleurs indépendants.
- Comment reprendre chacun un peu la main sur sa date de prise de pension ? Etre forcé de partir à 67 ans, quelle que soit sa santé physique ou la santé économique de son entreprise, n’enchante pas les indépendants : 42 % indiquent être préoccupés par cette question (Grand baromètre UCM 2021, à paraître). Pour UCM, il faut des règles plus souples mais dans un cadre responsabilisant.
- Comment assurer des pensions équivalentes sans les différences genrées que l’on constate aujourd’hui ? Cela constitue un point d’attention majeur, dans un cadre sociétal mais aussi spécifiquement pour les indépendantes (et les conjointes aidantes actuellement privées de pension minimum).
- Comment rencontrer équitablement les trajets de carrière très différents ? Le fait que les projets exposés par la ministre des Pensions se basent sur la durée de carrière rencontre, pour partie, la problématique des métiers lourds (port de charges, travail extérieur,..). Ces métiers sont en effet souvent des métiers exercés assez jeunes. UCM était totalement opposée à la mise en œuvre de critères complexes et imparfaits de pénibilité, qui se révèle être un système ingérable. Nous sommes pour la prise en compte du nombre d’années de carrière au compteur.
L’harmonisation, la transparence et la soutenabilité, on en parle ?
La question de l’HARMONISATION des régimes est absente. C’est pourtant crucial. Notamment la question de la prise en compte des revenus sur l’ensemble de la carrière : c’est le cas pour les salariés et indépendants avec depuis 2021 un même objectif de conserver 60 % de son pouvoir d’achat, pas pour les fonctionnaires.
Attention, nous ne demandons pas un régime unique, mais des règles harmonisées entre régimes.
En lien, nous sommes d’accord avec l’abandon du projet de système à points, mais il faut plus de TRANSPARENCE et cela demande un compte « pensions » inter-carrières (carrières mixtes). Il faut – peut-être sur la base de MyPension – un compteur où chacun voit immédiatement, année après année, ce qu’il constitue comme nouveau droit de pension pour son année travaillée ou pour son année non cotisée. C’est crucial comme levier d’activation.
Last but not least, la grande absente des déclarations de ce 3 septembre, c’est la problématique du financement et de la SOUTENABILITE FINANCIERE. Or, pour UCM, chaque point des réformes doit tenir compte de ce défi de société. Ce n’est pas le cas.
- Un « bonus » pour ceux qui travaillent plus longtemps que 42 ans est annoncé à hauteur de 50€ de droit mensuel par année travaillée… Qui va payer ? C’est plus élevé que le droit principal (33 €) qui est octroyé en pension minimum pour une année travaillée ;
- Pour UCM, s’il est important de donner la main à chaque travailleur quant à sa date de prise de pension, cela ne signifie pas que c’est à charge de la collectivité : un système équitable et équilibré de « corrections actuarielles » (correction à la baisse ou à la hausse du montant mensuel de pension, selon que la prise de pension se fait un peu plus tôt ou un peu plus tard) doit être étudié ;
- Et la pension minimum à 1.500 euros ? Comment est-elle financée ?
La concertation sociale va commencer. Les réformes des pensions, c’est un monstre de complexité, mais il est clair, pour nous, que ces réformes doivent prendre une direction principale : la soutenabilité financière (et donc la confiance des cotisants) passe par des règles en interne des régimes de pension où chacun voit l’intérêt de rester au maximum actif, de payer des cotisations et d’assurer ainsi un avenir financier à nos… chères pensions !
Au travail !
L'auteur.e de cet article
- La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.
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